Des criminels qui font tout pour oublier leur passé ? non. Des criminels qui font tout pour être meilleur en s'appuyant sur leur passé ? Oui.
Du meurtrier au skinhead tatoué d'une croix gammée, tous sont coincés dans ce trou que l'on appelle Tehachapi.
JR a une mission, faire de l'art un tremplin qui libère l'individu. Libérer de quoi ? D'un système carcéral où le maître mot est violence. Tout en étant un échappatoire de l'instant présent... l'art... c'est également cette possibilité d'un jour voir sa mère, sa fille de 8 ans, la tombe de sa sœur, de revoir cette société qui te méprise ou pire... qui t'oublie. L'art, c'est pouvoir voir la montagne de l'autre côté du mur... l'art, c'est manger une clémentine...
Quel est cet art ? un collage éphémère au centre d'une cours de prison. Des semaines de préparation, une journée d'installation... trois jours avant une totale disparition.
Des détenus qui font tout pour effacer cette encre indélébile qui colle à leur peau. L'encre du crime, de la faute et du regret. Ces même détenus qui font tout pour conserver des fragments d'un collage éphémère... Le collage de la rédemption, de l'espoir et de l'émancipation.
Effacer ce qui est gravé, et garder ce qui disparait. C'est le paradoxe que l'on retrouve dans cette oeuvre de JR. Un artiste à la volonté noble : donner une deuxième chance à des gens qui n'en ont eu qu'une.
Mais JR est un seul, et les détenus plus de 2 millions aux USA. Une solution noble certes, mais qui ne suffit pas à enrayer les mécanismes d'une société américaine meurtrie par les inégalités et la criminalité.
Finalement un paradoxe qui caractérise bien ce "pays des libertés"... Un pays des libertés représentant 4% de la population mondiale, mais qui concentre 20% des détenus de la planète.... Le "pays qui prive des libertés". Un constat macabre que met en avant ce magnifique film documentaire, signé par cet artiste qui m'était encore inconnu : JR.