Tel Aviv on fire change le soap opera en arme politique capable de concilier par le rire, ne serait-ce qu’un instant, deux territoires et leurs habitants ; car il y a deux films en présence ici, le long-métrage et la série réalisée dans ce long-métrage, et il s’avère passionnant d’assister aux entrelacs perpétuels, l’un venant nourrir l’autre et réciproquement, pour aboutir à un mariage, à une fusion que le titre porte d’ailleurs (puisqu’il est le même et pour la série et pour le métrage). Le réalisateur adopte la comédie forcément populaire – les programmes de soap opera s’adressent en priorité au peuple – avec un réel talent comique capable de s’exporter dans le monde et d’y être compris, ressenti, vécu. C’est lorsque Tel Aviv on fire casse le ton et laisse entrer la violence que la réalité resurgit avec force, insérant le spectateur dans le quotidien ségrégué et angoissant de cette zone frontalière entre Israël et Palestine. Grâce au personnage de Salam – le nom arabe qui désigne la paix –, nous passons d’un côté et de l’autre, respirons deux airs qui ne semblent pourtant pas si différents, seulement séparés par un mur idéologique et religieux. L’entreprise du réalisateur Sameh Zoabi était risquée : proposer une comédie à destination du plus grand nombre tout en traitant ouvertement de la crise politique qui, aujourd’hui encore, demeure ouverte telle une plaie béante ; plaie que Zoabi tente d’adoucir, voire de soigner par la simple vertu médicinal du rire. Pari relevé haut la main.