Quand la gauche se moque de la gauche.
Après Le Nom des Gens, césarisé en 2011, Michel Leclerc signe un troisième long-métrage : Télé Gaucho. Titre évocateur pour ce film autour des télévisions indépendantes des années 90, et en référence ici à Télé Bocal, à laquelle participa Michel Leclerc.
Télé Gaucho retrace le chemin de Victor, stagiaire à la plus grosse chaîne de télévision, qui se mêle au quotidien de gauchistes anarchistes et révolutionnaires, passionnément engagés dans une télévision "foraine" et libre : Télé Gaucho.
Évidemment, le film se moque de la droite, des conservateurs, des manifestations anti-avortement et du refus du PACS. Mais ce n'est que pour mieux tourner en dérision les convictions tenaces de gauchistes révoltés. Par une certaine absurdité des dialogues et des situations, le réalisateur expose les tensions et exaltations d'un groupe de personnages hauts en couleurs. Chacun possède sa propre contradiction : désir et peur de la célébrité, envie et honte de l'argent...touchée du bout du doigt, dépassées pour un effet délicieusement comique. Il est beaucoup plus vrai de se moquer de ce (ceux) que l'on apprécie.
Des dialogues simplement excellents et des scènes qui touchent, interpellent et provoquent le rire.
Un casting qui se révèle idéal : Éric Elmosnino, Maiwenn, Sara Forestier, Emmanuelle Béart... Et Félix Moati qui excelle dans son premier rôle principal, après le très apprécié LOL.
Le cinéma d'auteur français fait un grand retour. Une fois encore, il enchantera les "fans" du genre et décevra les autres. Parce que ce n'est pas un film à gros budget. Parce que le réalisateur et ses acteurs y impliquent tout leur corps. Parce que ce n'est pas un film "comme les autres".