Il semble qu'il existe plusieurs version du film de Poudovkine, Tempête sur l'Asie. Référencé sur Wikipedia comme durant un peu plus d'une heure trente, sur Senscritique comme durant 1h14, IMDB et Allociné signalent eux qu'il dure un peu plus de deux heures. C'est la version que j'ai entre les mains et qui prend place dans mon lecteur DVD.
Poudovkine est un cinéaste contemporain à Eisenstein et pourtant, comparé à celui-ci, il a quasiment été oublié de tous. Rares sont ceux qui se penchent sur ses films dans la grande communauté de cinéphiles. Pourtant, on peut lui trouver d'énormes qualités à ce réalisateur.
Pour Tempête sur l'Asie, on peut constater de superbes plans, là aussi brillamment mis en scène. Les décors extérieurs magnifient l'ensemble. On peut noter que chaque plan est un travail de composition, de placement des acteurs et de la caméra pour tenter de ressortir une image qui marque. Le plan de ces soldats qui se tournent lentement est un de ces exemples.
La musique est d'une importance capitale dans cette oeuvre. Je ne sais pas si la version de plus de deux heures et une nouvelle composition où s'il s'agit d'un orchestre qui rejoue la musique originale. Toujours est-il que celle-ci à une place presque prenante dans le récit, proche d'une forme d'opéra.
Là où Poudovkine est très fort, c'est pour créer des moments épiques. Les séquences de combat ou le final avec cette tempête qui s'abat sur les soldats sont inoubliables.
Mais l'ensemble du film ne surfe malheureusement pas sur cette vague. Il y a de nombreux moments extrêmement longs. Le milieu de l'oeuvre souffre d'énormes coups de mous et seule la musique, justement, parvient à faire en sorte que nous nous concentrions à nouveau parfaitement sur ce qui se passe sous nos yeux. C'est de loin le plus gros défaut de cette oeuvre puisqu'il ne suffit d'un rien pour que nous décrochions totalement. D'autant que cette histoire de descendance de Gengis Khan est un peu tirée par les cheveux.
L'oeuvre évoque le soulèvement d'un peuple face à l'envahisseur étranger. Dans cette URSS communiste d'époque, on n'échappe évidemment pas à l'image du capitaliste américain arrogant et fier, s'instaurant lui aussi comme un ennemi. Mais le film échappe finalement à cette forme de propagande puisque c'est le peuple mongol lui-même qui est appelé à se soulever face à l'ensemble des occupants étrangers.
La tempête se lève donc sur le film, mais le spectateur en ressort en ayant ressenti une légère brise.
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