Une bonne comédie française de Jean Becker avec Bébel

Lorsque Jean-Paul Belmondo fait du Bébel sous la houlette de Jean Becker…
Sous couvert d’un scénario fort simple (deux gigolos, qui vont de femmes en femmes et qui succombent à l’amour bien malgré eux, se retrouvent embarqués pour Tahiti), Belmondo s’en donne à cœur joie. Après « L’homme de Rio », « Pierrot le fou » et « Les tribulations d’un chinois en Chine », « Tendre voyou » est belmondesque tant il se pavane avec panache. Le numéro qu’il donne est certes connu d’avance mais ce rôle de gigolo lui va tellement comme un gant qu’il s’en rapproche grâce à ses dialogues, et donc de Michel Audiard qui fait lui aussi du très beau boulot. Audiard fait de l’intemporel et c’est là-dessus que tient « Tendre voyou ». Par ces situations/dialogues cousus main pour notre Bébel national. Notons que le réalisateur, Michel Audiard et Albert Simonin (un autre spécialiste de son époque : « Touchez pas au grisbi », « Le cave se rebiffe », « Le pacha »…) s’occupent du scénario et des dialogues. Histoire et dialogues bétonnés pour le plus grand bonheur de Bébel et de ses partenaires, également très bien choisis. Nadja Tiller (« La tour prend garde » avec Jean Marais, « Du rififi à Paname » avec Gabin, …), Philippe Noiret (pas encore connu !, il accèdera à la gloire un an plus tard avec son rôle dans « Alexandre le bienheureux »), Jean-Pierre Marielle (« La valise » de Lautner, « Coup de torchon », « Tous les matins du monde », « Uranus »…), Maria Pacôme (« Le gendarme de Saint Tropez », « La crise »…), Mylène Demongeot (« Les sorcières de Salem », avec le couple Montand-Signoret, fait d’elle une star) et Micheline Dax (‘Branquignole’, elle a débutée avec Dhéry, De Funès, Lefebvre… !!) en seconds couteaux apportent un charme irrésistible et indéniable à « Tendre voyou » et portent cette comédie à leur avantage en donnant cette fraîcheur inopinée.
Le compositeur l’a également compris et Michel Legrand de nous faire sa leçon habituelle entre onirisme via les deux génériques. Nous avons ainsi affaire à une évasion farfelue par le titre de rêve « Tendre voyou » que nous délivre l’arrangeur français de « La piscine » et de « L’affaire Thomas Crown » (avec le duo glamour McQueen/Dunaway).
La réalisation couronnant le tout, le fils de Jacques Becker ne fait que suivre les pitreries de Bébel allant à Tahiti pour notre plus grand déplaisir. Les aventures, bien réglées par le futur spécialiste de la satire sociale des 90’s-2000’s (« Un crime au paradis », « Effroyables jardins », « Dialogue avec mon jardinier »), sont ainsi l’apanage de « Tendre voyou » qui fait kitsch pour toutes ces raisons mais dont le plaisir est total pour découvrir un Bébel sur mesure. Le metteur en scène inégalable des succès des 80’s tels « L’été meurtrier », « Elisa », nous invite ainsi au spectacle givrant et givré, mais aussi intemporel.
« Tendre voyou »(1966), comédie culte des 60’s, ravira les fans de Bébel et les inconditionnels des bonnes comédies françaises.
Spectateurs, que fait votre femme ce soir ?