Au large de la Californie, des personnes disparaissent en mer et des restes humains déchiquetés sont retrouvés. Le journaliste Ted Turner et Will Gleason, expert en océanographie, découvrent que ces crimes sont commis par une pieuvre géante, rendue folle par des phénomènes physiques et électromagnétiques mystérieux...
Dans les années 70, la mode est aux films-catastrophes, comme le prouve les succès de productions d'Irwin Allen telles que LA TOUR INFERNALE ou L'AVENTURE DU POSEIDON. En 1975, LES DENTS DE LA MER, réalisé par un dénommé Steven Spielberg, mêle à ce genre l'aventure maritime et l'horreur. Son triomphe provoque une vague de copies en provenance du monde entier. Dans les années qui suivent, nous assistons à un déferlement de requins (TINTORERA de René Cardona Jr.), de piranhas (PIRANHAS de Joe Dante) ou de barracudas (BARRACUDA de Harry Kerwin) en tous genres.
TENTACULES s'avère la première copie made in Cinecitta de ce style de productions. Elle reprend donc les clichés d'usage. Les baigneurs sont happés par une pieuvre géante qui les approche en vue subjective. Les enfants ne sont pas épargnés. Et, si la nature se révolte, c'est qu'elle a été provoquée par l'inconscience des hommes. Et plus particulièrement par une entreprise qui effectue des expériences sous-marines pour le moins dévastatrices. Toutefois, le scénario de TENTACULES reste prudemment dans le flou quand il s'agit d'expliciter cette partie de l'intrigue, tout comme lorsqu'il faut évoquer la sensibilité de la pieuvre aux ondes radios. Cohérence et clarté sont ici aux abonnés absents !
Les situations grotesques, par contre, s'accumulent dangereusement. Bo Hopkins incarne ainsi un ami des animaux marins qui soliloquent gravement avec, pour seul auditoire, deux épaulards. La pieuvre est au mieux incarnée par un petit poulpe confronté à des modèles réduits dans un aquarium ; au pire par une maquette inerte absolument pas crédible. Les cachets des vedettes ayant sans doute coûté fort chers, il semble que le budget «effets spéciaux» aient été, lui, calculé au plus juste.
Mais il faut aussi blâmer la maladresse du réalisateur Assonitis. On en veut pour preuve l'attaque par la pieuvre d'une course de petits bateaux, attaque mise en scène avec une maladresse éprouvante. A coups de montage alterné et d'arrêts sur images en rafale, Assonitis tente l'expérimentation. Il en résulte une bouillie d'images pour le moins informe, au cours de laquelle victimes et monstre ne semble jamais se rencontrer. L'horreur et le suspense font alors gravement défaut...
Et à côté de cela, quid de toutes ces vedettes ostensiblement mises en avant par les affiches de TENTACULES ? Henry Fonda n'a apparemment eu qu'une journée de tournage, dans un décor unique. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas spécialement l'air content d'être là ! Shelley Winters reprend, en appuyant encore plus le trait, son personnage de femme rondelette et souriante qui lui avait permis de reconquérir le coeur du public avec L'AVENTURE DU POSEIDON. Seul John Huston, dans le rôle d'un journaliste endurci et persévérant, garde un peu de dignité, en incarnant un personnage de vieux baroudeur évoquant Ernest Hemingway.
Prises de vue aériennes, acteurs de luxe, beaux extérieurs californiens, photographie correcte... La facture de ce TENTACULES semble indiquer qu'il a disposé de moyens relativement confortables. Malheureusement, son scénario bâclé et la maladresse constante de sa mise en scène le tirent vers le bas et en font un film aussi raté qu'insipide. On rêve de ce que ce sujet aurait pu donner dans les mains d'artisans plus consciencieux, tels que Sergio Martino ou Antonio Margheriti...