Terminal
5.3
Terminal

Film de Vaughn Stein (2018)

Pot-pourri oubliable du film noir

À la découverte de "Terminal" impossible de nier que le réalisateur Vaughn Stein est un véritable amoureux du film noir car son premier film ressemble à un énorme reflux gastrique de toutes les références qu'il a ingurgité au cours de ses années de spectateur cinéphile...


Dans un monde rétro-futuriste désespéré, une serveuse (Margot Robbie) fascinée par la mort converse dans son bar avec un professeur en phase terminale (Simon Pegg).
Trois semaines plutôt, la jeune femme a proposé un drôle de jeu à un gangster, Mr Franklyn : si elle parvenait à monter l'un contre l'autre deux de ses assassins pour qu'ils s'éliminent, elle récupérerait tous leurs contrats et deviendrait ainsi la tueuse à gages attitrée de Franklyn...


Amateur de néons multicolores, ce film est fait pour vous car, dans son genre, "Terminal" est surtout un pur exercice de style visuel cherchant à sublimer toutes les stéréotypes incontournables du film noir développés par l'imaginaire cinématographique et les comics. L'univers intemporel à la "Sin City" et tant d'autres, des personnages borderline aux lourds secrets, la femme fatale, la figure maléfique omnisciente façon "Usual Suspects", un humour décalé à base de dialogues très Guy Ritchien, la chronologie artificiellement alambiquée pour ménager les buts recherchés par chacun et qui nous seront révélés dans une dernière partie riche en twists, des clins d'oeil continuels à un conte (ici, "Alice au Pays des Merveilles") afin d'établir une connotation enfantine qui tranche avec l'ambiance forcément malsaine de l'ensemble... Tout est à peu près là et regurgité dans un récit façon melting-pot du genre où l'on se rend assez vite compte que la notion de surprise n'aura pas sa place.
À vrai dire, à part les scènes partagées entre Margot Robbie et Simon Pegg clairement supérieures au reste, la construction chronologique de "Terminal" apparaîtra surtout comme un artifice pour temporiser au maximum son intrigue faiblarde (après tout l'enjeu principal est annoncé par l'héroïne dès le départ) dont le nombre très restreint de personnages ne pourra réserver que des twists finalement très attendus et encore une fois collant au plus près des poncifs du film noir (même les causes de leurs agissements qui nous étaient inconnues se révéleront ainsi bien trop classiques).


Si, sur le fond, il n'y a donc vraiment pas de quoi tomber sous les balles du peu d'originalité dont "Terminal" fait preuve, esthétiquement, le long-métrage aurait dû nous faire tourner de l'oeil devant son visuel comme il a apparemment été conçu pour cela. On restera néanmoins partagé sur ce point...
L'univers est bel et bien là, intéressant par son ambiance où le caractère versatile du personnage de Margot Robbie paraît déteindre sur l'ensemble, et il faut reconnaître que, de la photograpie et des jeux de lumière souvent très réussis, émaneront des plans qui nous colleront à la rétine, voire même des scènes entières lorsque la mise en scène se montrera plus énergique (les confrontations finales seront visuellement les plus beaux atouts du film). Seulement, est-ce que "Terminal" nous propose réellement quelque chose d'unique de ce point de vue ? On sera tenté de répondre par la négative tant on a dû mal à imaginer que le long-métrage de Vaughn Stein ait un minimum de potentiel pour rester dans les mémoires, même sur cet aspect. Avec son overdose de néons qui provoquerait des évanouissements chez n'importe quel syndicat d'électriciens, l'esthétique de "Terminal" ne fait finalement qu'en réutiliser et mélanger d'autres ne nous impressionnant plus vraiment même si elles sont loin d'être un supplice pour nos yeux.


Un peu à la manière d'une Margot Robbie se déguisant avec une perruque de Mia Wallace ("Pulp Fiction"), le béret de Faye Dunaway dans "Bonnie & Clyde", etc et surtout interprétant son personnage comme une sorte de thérapie post-Harley Quinn, "Terminal" est constamment étouffé par le poids de ses références pour trouver le temps de proposer quelque chose de vraiment unique et ce, sur tous les plans possibles...

RedArrow
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le 30 sept. 2018

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