Terminal
5.3
Terminal

Film de Vaughn Stein (2018)

Coproduction entre tout un tas de pays (USA, Angleterre, Irlande, Hong Kong, et Hongrie), Terminal est arrivé chez nous directement en VOD et DTV. La faute sans doute à un succès plus que mitigé aux States et en Angleterre, possiblement dû aux critiques plutôt assassines de la presse spécialisée (le célèbre magasine Rolling Stones lui a carrément mis un zéro pointé). Pourtant, ce premier film de Vaughn Stein, assistant réalisateur sur World War Z, Danish Girl ou encore La Belle et la Bête, est loin d’être dénué d’intérêt, voire même plutôt réussi compte tenu du faible budget qui lui était alloué. Et puis, il marque le retour devant la caméra de Mike Myers (Austin Powers, Wayne’s World, huit ans après avoir prêté une dernière fois sa voix au personnage de Shrek et neuf ans après son petit rôle dans le Inglorious Bastards de Tarantino.


Terminal est un thriller noir, à l’atmosphère sombre, aux personnages tous mauvais d’une manière ou d’une autre, où l’espoir n’a pas sa place. Ces personnages sont au centre de l’histoire étant donné qu’ils sont l’élément central. Nous sommes dans ce que je qualifierais de « film de personnages », un peu à la manière d’un Tarantino justement, où dans l’absolu il ne se passe pas grand-chose, mais où les dialogues et les interactions entre eux ont une place très importante. Ces dialogues sont très bien écrits, rappelant parfois ceux du cinéma de Guy Ritchie période Snatch / Arnaques Crimes et Botaniques, et certains échanges sont tout bonnement croustillants (ceux entre les différents personnages et celui de la « fausse blonde »), parfois très sobres, parfois très théâtraux, mais toujours très bien écrits. Margot Robbie (Suicide Squad, Le Loup de Wall Street) y est simplement hallucinante de charme, magnifiée sur chaque plan, sorte d’actrice caméléon nous sortant tout un panel de facettes différentes tout le long du film. Le reste du casting n’est pas en reste. Dexter Fletcher (Arnaques Crimes et Botanique, Kick-Ass) nous montre une fois de plus l’étendu de ses talents. On est donc content de retrouver Mike Myers, méconnaissable dans un rôle de « Superviseur de quai » dans une gare ; et Simon Pegg (Shaun of the Dead, Hott Fuzz) est toujours impeccable. Dommage que ces deux derniers soient malheureusement sous-exploités…
Des personnages farfelus au service d’une histoire qui va tenter de nous manipuler, comme dans une partie d’échec, à l’instar des personnages du film qui le sont également. Qui manipule qui ? C’est la grande question à laquelle le film va petit à petit répondre, avec deux histoires, l’une au présent, l’autre trois semaines avant, mais toutes deux liées par un personnage. Une sorte de puzzle où ça sera au spectateur de faire lui-même la chronologie, au risque d’en perdre certains.


Terminal prend pas mal de risques avec ce genre de montage. Il est souvent borderline et c’est pourtant aussi ce qui fait sa force, aidé par des twists qu’on voit plus ou moins venir (le 2ème est un peu tiré par les cheveux…). Autre prise de risque, son ambiance très particulière, et plus particulièrement au niveau de son visuel très léché. Vaughn Stein fait le pari de styliser son film à outrance (le générique d’intro est superbe), avec beaucoup de couleurs, une utilisation massive de néons, et énormément de jeux d’ombre et lumières, donnant au film un look à la fois rétro, kitch et classe. On a parfois l’impression d’être devant une bande dessinée retranscrite à l’écran. Problème, on se demande si le réalisateur n’est pas en plein exercice de style afin de se faire remarquer, au point que ça en devient à la longue un peu pompeux, avec cette stylisation à outrance présente dans la moindre scène. C’est un parti pris, et il est fort possible que beaucoup n’adhèrent pas.
Terminal est une sorte de Alice aux Pays des Merveilles (le lapin banc par exemple) mais avec un côté très sarcastique. Un film sombre mais avec toujours un humour (très) noir latent. Pas ou peu d’action mais pourtant on ne s’ennuie pas à suivre les péripéties de ces personnages souvent farfelus, à chercher les clins d’œil à des films bien plus connus (Usual Suspects pour ne citer que lui), le tout accompagné par une excellente bande son, bien dans le thème, bien dans l’ambiance.


Avec son visuel très travaillé, son très chouette casting et ses dialogues réussis, Terminal est une petite série B qui vaut vraiment le coup d’œil. Même si on pourra lui reprocher pas mal de choses (son manque de rythme, son côté poseur, …), on passe néanmoins un bon moment.


Critique originale : ICI

cherycok
6
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le 13 déc. 2018

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