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le 23 août 2012
97 j'aime
40
Au sortir du naufrage artistique de Piranha 2 Les Tueurs Volants, James Cameron a encore tout à prouver. La perte du final cut au profit de son producteur Olivier Assonitis qui ne le croyait pas capable de mener à bien cette entreprise, peut partiellement expliquer cet échec cuisant, mais il aura surtout l’effet d’un traumatisme chez le jeune réalisateur. Cette trahison, doublé d’une faute cruelle de jugement va générer en lui une énorme frustration qui va alors se matérialiser en songe sous la forme d’un cyborg ultra sophistiqué jaillissant des flammes de l’enfer. À son réveil, Terminator était né. Cameron y voit alors l’occasion de rebondir et de livrer un film d’action science-fiction tourné exclusivement de nuit comme le fût New-York 1997 de John Carpenter pour lequel il avait d’ailleurs contribué aux effets spéciaux quelques années plus tôt. On y retrouve notamment cette idée de futur dystopique, ainsi qu’une ville plongée dans une sinistrose ambiante. Les forces de Police y sont particulièrement incompétentes excepté lorsqu’il s’agit de pourchasser un sans-abri coupable du vol d’un simple futal. Pour le reste, les junkies et punks à chiens semblent jouir d’une certaine liberté, et peu importe le nombres d’unité dépêchés, aucun homme de loi ne pourra assurer l’intégrité physique de ses habitants face à un tueur particulièrement déterminé. Ainsi, il ne lui faudra que 6 millions et demi de dollars pour mettre sur pied cette traque haletante dans les rues de L.A. entre un cyborg envoyé dans le passé et un couple de personnes sur lesquelles reposent le sort de l’humanité toute entière. Le succès du film va non seulement révéler le talent et le savoir faire du cinéaste qui deviendra alors la nouvelle étoile montante de l’usine à rêve, mais aussi permettre à Arnold Schwarzenegger de conforter sa place d’icône dans le paysage hollywoodien. Pas si mal pour le futur « Governator » qui qualifiait ce projet de film de merde durant sa gestation. Il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis à ce qu’on dit.
Terminator s’apparente donc tout d’abord à un slasher : un homme à la carrure d’équarrisseur s’immisce dans les maisons de femmes ayant le malheur de s’appeler Sarah Connor et de figurer dans l’annuaire téléphonique. Tel Mickael Myers, Jason Voorhees, ou Freddy Krueger, le tueur ne meurt jamais peu importe les coups qu’il encaisse, il est un invulnérable aux balles, aux feu et aux explosions. Combattre le T-800 revient à vouloir freiner le progrès, et on ne peut pas. Il avance inexorablement et mène les hommes à leur propre destruction. Ainsi le film s’inscrit clairement dans le sillon de cette décennie en matérialisant les craintes et fantasmes de l’époque liés à la singularité technologique, une donnée influencée par la création d’une intelligence artificielle qui serait capable de produire de nouvelles machines susceptible de développer une conscience et donc de se retourner contre les hommes à partir du moment où leurs propres survies seraient menacée. Mais Terminator ce n’est pas seulement un film d’action science-fiction, c’est aussi une histoire d’amour qui va pousser un trentenaire frustré par une condition de misère à se porter volontaire pour une mission suicide qui lui permettra de se payer du bon temps avec la mère de son meilleur ami après avoir fantasmé longtemps sur sa photo de chevet. D’une certaine manière, le T-800 parcourt lui aussi l’objectif de se taper Sarah Connor même si ce qu’il tient à lui faire tient plutôt de l’insémination par balle. Il faut dire que Linda Hamilton en dépit d’une coiffure d’un autre âge était particulièrement saisissable. Si le film est devenu un classique du 7ème art ce n’est pas seulement pour la capacité du chêne autrichien à botter des culs et à retourner tout un commissariat à coup de chevrotine mais aussi pour son approche profondément nihiliste à une époque où l’optimisme triomphant était le maître mot de l’industrie hollywoodienne. Et à ce titre le T-800 constitue un antagoniste assez paradoxale puisqu'il reflète indéniablement le mode d’évolution ultime du modèle Reaganien : Balaise, ambitieux, infaillible et surtout obstiné à accomplir sa mission au point d’en devenir totalement déshumanisé. Alors certes, le cyborg meurt à la fin mais la boucle temporelle elle ne laisse que peu d’espoir quant au devenir de l’humanité car ce n’est pas tant les machines qui ont engendrés cette situation mais bien un conflit géopolitique majeur. Le sacrifice de Kyle Reese ne pèsera donc pas bien lourd dans la balance de cette équation si ce n’est qu’il permettra d’en influencer l’issue et de parachever une parfaite boucle temporelle qui ne présage certainement rien de bon pour l’avenir.
T’aimes l’odeur du blaster fumé au petit déjeuner ? Tu rêves de pouvoir voyager à travers d’autres dimensions afin de quitter ce monde de cons ? Rends-toi sur L’Écran Barge où tu trouveras toute une liste de critiques dédiées à l’univers de la science-fiction, garanties sans couenne de porc.
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Créée
le 29 juil. 2024
Critique lue 8 fois
3 j'aime
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