Terre de roses
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Terre de roses

Documentaire de Zaynê Akyol (2016)

Ah. Il y a carrément marqué "le 8 mars, journée de la femme" sur l'affiche.
C'est étrange.


Le film commence avec une femme sans âge, très belle, Sozdar Kudî, elle montre la cicatrice qu'elle a sur la tête et explique qu'elle en préférerait une sur le menton ou sur la mâchoire. Elle rit, puis explique sa relation à la mort. C'est à l'image du film, entre rire et gravité.


Elle fait partie d'une brigade de femmes du PKK, le Parti Communiste Kurde, je n'avais pas bien réalisé.


On est donc dans une réflexion plus radicale : le capital, la religion, dont Daesh n'est qu'une émanation passagère, permettent aux hommes d'asservir les femmes. Les femmes doivent s'organiser et prendre les armes pour être libres.
C'est ce qu'elles font dans les montagnes du Kurdistan syrien, au début, puis en Irak, contre Daesh.
C'est ce qu'elles font depuis des décennies, contre l'Etat Turc, pas spécialement connu pour son respect des droits des femmes, qui sont coupables, en plus d'être kurdes, de vouloir vivre librement.


Une combattante magnifique, aux yeux clairs, avec les dents du bonheur, Rojen Bêrîtan, l'explique très bien en exposant son parcours. Elle ne voulait pas se marier pour échapper à la misère, de ce qu'elle a vu le mariage est synonyme d'esclavagisme. Elle dit qu'elle a 23 ans au moment du film (tourné en 2015), et qu'elle vit dans la clandestinité depuis deux ans. Que ce qui a été le plus dur pour elle est de quitter sa mère et sa petite soeur.


On les voit donc commencer les entrainements au petit matin, puis s'occuper de leurs armes. Une place très importante est laissée à l'éducation. Ce qui m'a un peu gêné c'est le culte du chef, Abdullah Öçalan, "Apo", comme elles les appellent.
Il ne faut pas imaginer une mini société démocratique dans les montagnes, les femmes commandantes dirigent sous l'égide des cadres du PKK. L'idée du sacrifice pour une cause supérieure et pour son chef n'est jamais loin, un peu comme les guérillas marxistes d’Amérique latine.


C'est ce qu'on voit dans la deuxième partie du documentaire, qui se passe la nuit autour de Sinjar dans le Kurdistan Irakien. Les zones de combat restent quand même un milieu d'hommes, Sozdar Kudî, la sniper doit faire des mains et des pieds pour être autorisée à se battre en première ligne. Les recrues les plus jeunes ne sont pas présentes sur le terrain. On sent que la présence d'une femme soldat dérange les hommes, alors filmée, en plus !


Sozdar adresse un dernier message à la fin du film, plein d'amour et de simplicité, si bien que je me suis demandé quelles étaient les relations exactes entre la documentariste et elle.


Heureusement à l'heure où j'écris elle n'est pas morte, elle est instructrice militaire. Rojen Bêrîtan elle n'a pas eu cette chance, de même que d'autres protagonistes du film.


Voilà, c'est un documentaire bouleversant, sur la condition des femmes kurdes face à diverses oppressions, qu'elles viennent de la société ou qu'elles viennent de l'Etat Islamique. Un documentaire rare. A travers lui, je me sens plus proche que je ne l'ai jamais été des femmes qui se battent pour leurs droits, qu'elles soient du Kurdistan ou d'ailleurs, peu importe mon sexe, peu importe mon pays. Puissent-elles profiter de cette liberté encore longtemps.

VincentJ
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le 22 mars 2017

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VincentJ

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