Sans mise en scène ni ampleur mythique du monstre auquel il donne naissance, Frankenfish recycle tous les clichés du film de créatures marines sans en proposer une relecture un tant soit peu novatrice ou ironique : nous pensons, bien évidemment, aux Dents de la mer dont l’aileron de requin est ici prélevé puis greffé à ces affreuses bébêtes méchantes qui disposent d’effets numériques plutôt correctes. Le scénario n’a rien à raconter, va chercher la prêtresse vaudou recluse dans sa cabane ; les stéréotypes liés au genre fusent, comme cette scientifique en bikini qui a peur des poissons-chats et passe son temps à se plaindre en vomissant un coup sur deux.
S’il fallait trouver un intérêt à ce téléfilm de qualité médiocre, ce serait, au-delà des décors de bayous, déceler ce temps de transition qu’il représente dans la production de films mettant en scène des monstres marins (requins, crocodiles, créatures hybrides), entre une appartenance au cinéma de genre et une relégation hors du cinéma, dans les eaux usées des direct-to-video ineptes. Vendu dans les grandes surfaces deux ans plus tard, Lake Placid 2, lui aussi produit par la Sony Pictures Home Entertainment, attestera le repli de ce genre de produits hybrides, à mi-chemin entre les références au septième art et le détournement autosuffisant, leur inscription dans une nouvelle catégorie de téléfilms à moindres coûts et diffusion large.