En cette période d’Halloween, avec le passage à l’heure d’hiver où la nuit s’abat plus tôt, permettant aux psychopathes d’opérer avec une plus grande discrétion et amplitude, il est toujours bon de se faire plaisir devant des films d’horreur.

Au cinéma, Halloween Ends clôt lamentablement la trilogie de David Gordon Green, alors que Disney sort le sympathique Barbarian pendant que Netflix nous offre une série anthologique de Guillermo Del Toro. A la recherche d’une œuvre procurant plus de sang et de frissons, je jette mon dévolu sur Terrifier. Un choix qui se révèle des plus satisfaisant. Que le spectacle commence…

Halloween, la nuit des visages défigurés

Terrifier ne perd pas de temps. On entre rapidement dans le vif de la chair sanguinolente avec une victime du terrifiant clown, qui crève les yeux d'une arrogante présentatrice ambitieuse de télévision. Une mise en bouche qui pose une ambiance des plus malaisante, dont l’entrée en scène de notre “héros”, va la rendre encore plus insoutenable.

Art, le clown (David Howard Thornton) ne se cache pas. Le réalisateur Damien Leone ne fait pas dans la finesse. Il est l’antithèse de John Carpenter, dont le film est la version gore d'Halloween. Comme Michael Myers, il cache son visage et fait preuve de mutisme, ainsi qu’une passion pour les balades nocturnes, surtout les soirs d’Halloween pour se fondre dans la masse.

L'histoire se déroule durant Halloween. Art prépare ses ustensiles pour effectuer son œuvre. Il va croiser Tara (Jenna Kanell) et Dawn (Catherine Corcoran). Il s’éprend de la première et va les suivre jusque dans une pizzeria où sa présence provoque le malaise. Son visage peint en blanc avec ses lèvres noires et ses dents pourries, le rendent des plus effrayants. Il fixe Tara, en ne s’occupant pas du monde qui l’entoure, avant de s’éclipser dans les toilettes et de les repeindre de ses excréments, ce qui lui vaudra d’être mis à la porte par le propriétaire.

C’est ainsi que va commencer le massacre. Le clown va découper les pizzaiolos, ce que je considère comme un crime contre l'humanité. La mise à mort se produit en alternance avec la belle Tara et sa conne de copine Dawn, discutant de leur rencontre avec ce clown des plus flippants. D’un côté le sang gicle, alors que de l’autre côté, ce sont les mots qui fusent des bouches de ces deux jeunes femmes dont le destin vient de basculer tragiquement.

Le Clown, d’amuseur à tueur

A cause de, où grâce à John Wayne Gacy, le clown est devenu une figure emblématique des films d'horreurs. Le tueur en série, qui a sévi durant les années 70, a été surnommé le clown tueur. Ce personnage était censé amuser les enfants, avant que l’impact de ses crimes sur la société, en fasse un croquemitaine. Il a eu droit à son adaptation, Gacy de Clive Saunders en 2003, qui ne semble pas être des plus mémorables. Dernièrement, on a pu l’apercevoir dans le final de la série de Ryan Murphy, Dahmer - Monstre : l’histoire de Jeffrey Dahmer.

Le clown s’est retrouvé dans plusieurs films d’horreur, qui sont pour la plupart des dtv (direct-to-video). Pour ma part, je me suis infligé les désastreux Dark Clown de Conor McMahon (2012) et Clown de Jon Watts (2014). Malgré ma passion pour ce genre cinématographique, j’ai su faire preuve de retenue, afin de ne pas continuer à souffrir inutilement face à des films rarement exaltants. Pour autant, Les clowns tueurs venus d’ailleurs de Stephen Chiodo (1988) mérite le détour. A ce jour un seul clown a su sortir du lot, il s’agit de Pennywise dans Ça. Ma préférence va pour la minisérie de 1990 par Tommy Lee Wallace avec Tim Curry dans le rôle-titre, même si c'est la tenue arborée par Bill Skarsgard dans la version de Andy Muschietti, qui est devenue une incontournable d’Halloween avec ses camarades Michael Myers, Jason Voorhees, Freddy Krueger et compagnie.

Art me fait surtout penser au Captain Spaulding dans La Maison des 1000 Morts de Rob Zombie (2003), interprété par le regretté Sid Haig. Ainsi qu’à Marilyn Manson dont le maquillage se rapproche le plus et à Buffalo Bill dans Le Silence des Agneaux de Jonathan Demme (1991), interprété par Ted Levine, pour son ambiguïté sexuelle. En fait, il possède plusieurs traits de tueurs en série, ainsi que de personnages emblématiques du cinéma d’horreur.

Du sang et des cris

Art ne prend pas de gants. Tara va en prendre plein la gueule, comme sa sœur Victoria (Samantha Scaffidi). La mise à mort de Dawn est d'une violence insoutenable, comme la décapitation d'une victime de passage. On est dans le torture porn.

Le clown s’en prend principalement aux femmes. Il leur inflige les pires sévices. Comme les tueurs en série, il semble avoir un problème avec sa mère, ce qui va permettre à une de ses victimes de l’amadouer, au point de le bercer et de le voir téter son pouce, sans qu'on ne soit vraiment convaincu par cette posture, tant il se joue de ses victimes comme des spectateurs.trices. Il est imprévisible, ce qui le rend particulièrement dangereux.

Malgré des moyens limités, Terrifier se montre généreux dans ses mises à mort, en enchaînant les victimes où le sang, comme les organes, se déversent abondamment de leurs corps jusqu'à leur dernier souffle. Damion Leone n’use pas d’effets ou de jumpscare inutiles. Son clown suffit à créer l’angoisse, à nous mettre mal à l’aise et ses meurtres ne font qu’accentuer ce sentiment de terreur.

Enfin bref…

Terrifier est l’un des meilleurs slashers de ce siècle. C’est un terrifiant huis clos avec le clown le plus effrayant de l’histoire du cinéma, aux meurtres des plus jouissifs.

Terrifier 2 doit sortir dans nos salles pour le 28 décembre 2022, cela me semble étonnant, même si on a pu savourer le gore The Sadness sur grand écran. Il est d’une durée de 2h18, ce qui pour ce genre de films est assez rare et peut se révéler indigeste. On aura la réponse en cette belle fin d’année avec plein de sang dans les yeux.

easy2fly
7
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le 1 nov. 2022

Critique lue 22 fois

Laurent Doe

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