L'Amérique, tu l'aimes ou tu la quittes, les pieds devant...

Territoires d'Olivier Abbou épate d'abord par son culot et son courage kamikaze à s'attaquer direct - pour un premier long - et de la manière la plus frontale, à un cinéma de genre tendance extrême et - qui plus est - très ouvertement et violemment politique.

Je suis à la fois absolument surexcité par la qualité du film et totalement traumatisé tant le film est un choc artistique autant qu'émotionnel.

C'est un film absolument brillant dans sa forme et notamment dans l'évolution de sa mise en scène tout au long du métrage. Je serais même tenté de parler de chef d’œuvre !
L'atmosphère du film est proprement insoutenable, très inconfortable, profondément angoissante et terriblement réaliste.

Abbou évoque l'univers concentrationnaire nazi autant que Guantanamo et Abou Ghraïb et il décrit de manière très virulente l'Amérique puritaine, raciste, homophobe, paranoïaque, antisémite, nationaliste, redneck, néo-nazie etc... au travers d'un pur film d'horreur très choquant, vraiment terrifiant et d'un cinéma politique très agressif et couillu.


J'ai souvent pensé à Salo de Pasolini tant le film m'a heurté et tant il regarde la barbarie droit dans les yeux, tant il filme la torture de manière frontale, sans jamais tomber un instant dans la complaisance d'un vulgaire Torture flick et tant son propos est réaliste, politiquement engagé et violent tout en conservant un vrai regard de cinéaste et une étonnante poésie de l'horreur, notamment dans la dernière partie.

Il faut quand sérieusement en avoir de la part d'un jeune réalisateur français pour cracher un tel pamphlet à la gueule de l'Amérique belliqueuse de George Bush père & fils et de ses rejetons dégénérés... et le tout tourné au Canada et en langue anglaise: Chapeau !

Le film est vraiment parfaitement maîtrisé de bout en bout, il va crescendo et sa mise en scène ne cesse d'évoluer pour épouser son propos ou pour créer une atmosphère inquiétante et unique (la dernière partie est quasiment "lynchienne" alors que le film démarre en caméra portée façon Dogme).
Les acteurs sont tous époustouflants... VO impérative !!!

Vous l'avez compris, ce film m'a scotché !!!

En tous cas, une chose est sûre: avec ces deux films brûlots, les USA prennent cher, profond et à sec... Vont ils aimer ça ?
Ça ne m'étonnerait pas...

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le 12 août 2014

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Foxart

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