Thar est un film de dacoït, version indienne des westerns. Le terme dacoït désigne des bandes de brigands constituées de personnes dépossédées de leurs biens, le plus souvent des hors-castes, c’est-à-dire des intouchables qui ne possèdent aucun droit.


Thar nous plonge dans le paysage désertique du Râjasthân. Sur ce sol aride gisent des squelettes d’animaux qui apparaissent au premier plan faisant irrésistiblement penser aux plans de John Ford. La poussière se soulève au passage des jeeps et sous les sabots des chevaux. La superbe photographie et la maîtrise des plans magnifient ce paysage de désolation. Tandis que la mélodie plaintive évoque elle aussi les westerns.


Nous sommes dans les années 80, années durant lesquelles l’Inde est en proie aux divisions et aux mouvements séparatistes. C’est dans ce contexte, qui permet au réalisateur de parler des violences actuelles de l’Inde, que prend place l’intrigue. Une histoire de vengeance où rien ne nous est épargné : séances de tortures et mutilations. Nous suivons essentiellement deux personnages principaux : Siddharth, un antiquaire taiseux, venu de la ville dans ses régions reculées pour son travail et Surekha, un inspecteur en fin de carrière qui n’a jamais eu l’occasion de gravir les échelons et qui aimerait finir en beauté. Les événements qui agitent la région vont lui en fournir l’occasion. Les personnages qui les entourent sont tous consistants et intéressants. En particulier les personnages féminins. La femme ici est un objet de mépris et tenue en sujétion. Elle subit la violence de plein fouet : celle des armes, celle du mari qui n’hésite pas à frapper, celle du viol.


La grosse faiblesse de ce film est son intrigue prévisible, cependant le twist final est bien trouvé et sonne juste. Thar est un western indien mais aussi un polar et un film de vengeance. Un film choc sombre et violent, bien loin des représentations qu’on se fait des films indiens. Tourné par un jeune cinéaste Raj Singh Chaudhary, il est disponible sur Netflix et mérite d’être regardé, c’est une occasion de découvrir le cinéma indien si on ne le connaît pas ou peu. Titré sur Netflix France: Thar: Les trois cibles

abscondita
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes les dacoïts dans les films indiens et Inspirés des Westerns

Créée

le 24 juin 2022

Critique lue 229 fois

6 j'aime

12 commentaires

abscondita

Écrit par

Critique lue 229 fois

6
12

D'autres avis sur Thar - Les Trois cibles

Thar - Les Trois cibles
estonius
3

Thar Tignole

Ce qui fait l'âme d'un scénario (et donc d'un film) c'est le "savoir raconter". Or ci force est de constater qu'ici les auteurs échouent à nous intéresser à cette sombre histoire. A part le vieux...

le 20 sept. 2023

1 j'aime

Du même critique

La Leçon de piano
abscondita
3

Histoire d'un chantage sexuel ...

J’ai du mal à comprendre comment ce film peut être si bien noté et a pu recevoir autant de récompenses ! C’est assez rare, mais dans ce cas précis je me trouve décalée par rapport à la majorité...

le 12 janv. 2021

66 j'aime

22

Le Comte de Monte-Cristo
abscondita
9

"Je suis le bras armé de la sourde et aveugle fatalité"

Le Comte de Monte Cristo est une histoire intemporelle et universelle qui traverse les âges sans rien perdre de sa force. Cette histoire d’Alexandre Dumas a déjà été portée plusieurs fois à l'écran...

le 30 juin 2024

54 j'aime

14

Blade Runner
abscondita
10

« Time to die »

Blade Runner, c’est d’abord un chef d’œuvre visuel renforcé par l’accompagnement musical mélancolique du regretté Vangelis, les sons lancinants et les moments de pur silence. C’est une œuvre qui se...

le 15 janv. 2024

34 j'aime

19