Les films de super-héros se ressemblent tous. Surtout les premiers épisodes. Celui-ci ne fait pas exception.
Tout ce que j'espérais, en commençant ce film, c'était que Marc Webb lave l'affront fait au cinéma par l'incompétence de Sam Raimi, dont la trilogie consacrée à l'homme-araignée figure parmi les films les plus pitoyables que j'aie vus ces dernières années.
En même temps, c'était difficile de faire pire.
Dès les premières minutes, tout est joué. On a compris deux choses :
1°) Marc Webb est un peu meilleur que Sam Raimi. A peine.
2°) le scénario va enchaîner les banalités et le film sera prévisible du début à la fin.
Et on ne se trompe pas.
Ce film contient donc tous les éléments classiques de la naissance du super-héros. L'enfant orphelin, le personnage insignifiant dans le civil, la jolie lycéenne, l'absence d'un père au lourd secret, la transformation, la découverte et la maîtrise des pouvoirs, le traumatisme, la vocation, le premier véritable combat contre un grand méchant. Tout se déroule comme prévu. Avec une extraordinaire et remarquable absence d'originalité et de personnalité, le cinéaste nous sert des plats déjà froids depuis des décennies. Rien à attendre de ce coté là.
La petite, la minuscule originalité de ce film réside dans un choix plutôt courageux du cinéaste : la laideur. Dieu que ce film est LAID !
Que le méchant soit laid, ça, ce n'est pas une surprise. Depuis le Moyen Age, on a l'habitude de voir la laideur morale associée à la laideur physique. Alors, ce gros lézard difforme au sourire de Joker, il est moche, et c'est normal.
Mais le héros ! Qu'il est moche, lui aussi ! Et on pourrait citer ainsi l'ensemble des personnages, mais aussi la réalisation, les décors, les trucages, etc. Tout est moche. C'est un choix radical, et Marc Webb est allé au bout de son idée.
Seules éclaircies dans ce magma informe : d'abord les minuscules plans les plus réussis, ceux où, par le biais d'une caméra subjective, on devient Spider-man en train de voler au secours des victimes. Ces plans ne durent que quelques secondes, trop peu pour relever le niveau général du film, mais c'est quand même sympa.
Autre chose : malgré l'extrême prévisibilité de l'ensemble (jusqu'aux moindres paroles des moindres seconds rôles, tous plus prévisibles les uns que les autres), le tout se laisse voir d'un oeil distrait mais sans trop d'ennui. La narration est fluide, elle coule relativement bien.
Les trucages sont assez bons mais pas révolutionnaires et, sur ce plan, ce Spider-man fait pâle figure si on le compare aux Avengers ou à d'autres films du même acabit.
Deux acteurs tirent leur épingle du jeu : Martin Sheen, qui tient bien son rôle de tonton qui ressemble plus à un grand-père idéal. Et Rhys Ifans. Mais quelle idée de donner un rôle aussi tragique et sérieux à un acteur qui a un tel potentiel comique ? Même pas la moindre petite allusion comique, le moindre petit clin d'oeil, rein qui vienne colorer ce personnage et lui donner un petit intérêt.
Il est effarant de voir à quel point les adaptations des comics de Stan Lee restent encore dans un état immature. Quand donc Spider-man, Thor, Iron Man et autres Avengers feront leur révolution comme Batman a pu le faire ? Comment peut-on encore produire un tel film, qui, avant même de sortir, a pris trente ans de retard par rapport au Dark Knight ? Faut-il attendre la mort de Stan Lee pour oser enfin transformer ses super-héros en personnages matures, plus sombres, plus intelligents, avec des enjeux plus profonds, loin des caricatures et du réchauffé qu'on nous sert actuellement ?