En 1968 le Japon célèbre les 100 ans de la restauration de l'empereur Meiji (r : 1868-1912) qui marque l'entrée du pays dans sa période contemporaine. Les événements qui ont précédé le retour de l'empereur correspondent à la période troublée du Bakumatsu, ou fin du shogunat Tokugawa (1853-1868), Bakumatsu étant aussi le titre du film-testament de Daisuke Itô dans sa version originale. Un film qu'il a réalisé après cinq ans d'absence des studios.
Itô est avec Misumi le plus grand réalisateur du cinéma d'époque ou jidai-geki -- celui qui lui a donné ses premières lettres de noblesse -- et le pionnier du chanbara, un genre que Misumi a ensuite porté au sommet. Il est d'ailleurs intéressant de noter que les deux hommes partagent un autre point commun, puisque tous deux ont achevé leur carrière de réalisateur sur le thème du Bakumatsu : La Fin du Bakufu pour Itô (1970), Les Derniers samouraïs pour Misumi (1974).
Itô a choisi pour approche de montrer les actions du parti de Tosa dans cette période troublée des années 1860, avec à sa tête deux hommes-clés, Ryoma Sakamoto (Kinnosuke Nakamura) et Shintaro Nakaoka (Tatsuya Nakadai), deux noms qui ont une certaine résonance encore au Japon puisqu'on leur attribue en partie la paternité de l'état démocratique contemporain.
Il n'est pas évident de suivre les événements sans une solide connaissance de cette période, même si Itô s'attache à les rendre accessibles. On comprend en tout cas que l'unification des partis pro-impérialistes n'a pas coulé de source mais est le fruit de grands desseins de la part de jeunes hommes ambitieux. Les vingt dernières minutes (le film dure deux heures) offrent une spectaculaire conversation en huis-clos entre Nakamura et Nakadai, où les deux hommes partagent des visions opposées qui on le devine, les conduiront à leur perte.
A noter également la belle musique de Masaru Sato et une courte apparition de Toshiro Mifune, qui interprète un noble progressiste.
Itô termine ainsi sur une bonne note une carrière de cent films et deux cents scénarios.