Inattendu. Faudra que je le revois...
Jack est un tueur poursuivi par des Suédois. obligé de tuer sa copine du moment, qui a été témoin du meurtre de ses poursuivants, il part dans les Abruzzes se faire oublier. Une femme, Mathilde, lui commande un fusil sniper discret, qu'il met au point avec la patience d'un artisan, sans savoir pour quelle mission. Il tue aussi un Suédois à ses trousses. Il s'amourache d'une escort girl, Clara, mais trouve un jour un flingue dans son sac : elle lui explique que les filles ont reçu des menaces. Jack comprend aussi que Mathilde a un contrat sur sa tête. Une première tentative échoue, puis une deuxième pendant la procession mariale. Le fusil, saboté, tue Mathilde, puis Jack tue Pavel. Mourant, Jack arrive à conduire jusqu'à Clara, qui l'attend au bord du ruisseau.
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Drôle de film, mais on me l'avait vendu comme un tueur qui apprend à profiter du moment présent au contact d'un curé de village, alors que j'ai trouvé que ces scènes ne prenaient pas suffisamment de place dans le film. On a au contraire beaucoup de ces plans statiques si élégants de Corbijn, avec Jack prenant un café en terrasse, Jack au téléphone, l'air perdu, Jack en train de limer un fusil pour lui donner l'équilibre parfait, Jack en train de parler d'armes à mi-voix avec Mathilde. Le rythme est lent, le jeu des personnages assez hiératique. On retrouve le goût de Corbijn pour les filles à couper le souffle, mais ces personnages féminins sublimes et stéréotypés font un peu de tort à ses films à mon sens.
Le prémisse du film était tellement bon qu'on ne comprend pas que Corbijn ne l'ait pas davantage utilisé. On aurait aimé voir davantage la vie des habitants du village. ç'aurait été chouette de voir Clooney dans un remake du "Christ s'est arrêté à Eboli". A la place, on a un scénario assez complexe à suivre quand on est un zardoz somnolent de dimanche après-midi.
Mon état de fatigue m'a probablement privé de certaines subtilités du film. Je crois qu'une véritable force du film, c'est le décalage entre le côté statique, immobile de la plupart des scènes et le déchaînement de violence très court, ou encore ces séquences où tout dans le montage suggère un danger qui est en fait absent - belle entrée dans la psychè du personnage. Idem, tous les plans de paysage traversé par une voiture sont sublimes, mais encore une fois ils auraient gagné en force si on avait eu l'impression que ces beaux villages aux toîts de tuile sont habités, vivants. Malgré son décor rural, le film garde bizarrement une atmosphère urbaine. Dommage.
Si vous voulez voir un cinéaste qui sait rendre ce que c'est qu'un village, refaites-vous plutôt tous les Kiarostami genre "Le vent nous emportera".