Anthrax Attacks

Documentaire sur les attaques à l'anthrax perpétrées peu après le 11 septembre 2001 sur le sol américain et les années d'enquête qui ont suivi, The Anthrax Attacks est le documentaire Netflix de la rentrée.

Une semaine après le 11 septembre, différents médias et personnalités politiques reçoivent en effet des lettres suspectes, contenant de brefs textes à l'apologie d'Allah et une poudre étrange qui se révèlera être une culture d'anthrax. Une bactérie - la bacille du charbon - aux spores hautement résistantes causant rapidement la mort. La menace invisible, presque invincible, traverse les Etats-Unis et ravive dans son sillon l'hystérie inhérente à ce genre d'attaque.

Côté forme, Dan Krauss ne révolutionne rien et se base sur trois méthodes parallèles pour reconstituer les évènements: des images d'archives, du face cam et des reconstitutions suivant la vie du suspect principal, le docteur Bruce Ivins.

Et l'enquête est passionnante. Elle s'enracine dans le terreau d'une Amérique frappée en plein cœur par les attentats du Wall Trade Center, fertile de paranoïa et d'un stress politique et médiatique constant.

Le documentaire le pointe d'ailleurs du doigt. L'immense armada financière et logistique déployée pour cette affaire est sans précédent. On doit boucler le cas, au plus vite ! Et pourtant l'affaire finira par s'embourber, pendant des années, jusqu'au suicide du principal suspect qui emportera dans sa tombe la réponse à la question qui hante l'Amérique: qui a perpétré les attaques à l'anthrax, et surtout, quand frappera-t-il à nouveau ?

Dan Krauss montre, moins directement, le côté vicié du système scientifique où tout passe par le mérite, la reconnaissance, l'égo. La difficulté à trouver des financements. La peur que les recherches personnelles soient abandonnées, oubliées. C'est cela qui obsédait le principal accusé.

De plus, sa volonté de développer un vaccin contre l'anthrax lui donnait un alibi en béton. D'ailleurs, grâce aux attaques, son vaccin a reçu ses autorisations bien plus rapidement que prévu, ce qui prouve à quel point les instances scientifiques et médicales restent sous le joug d'une pression sociale et médiatique (et donc à terme financière) énorme.

Le suspect se suicide - peut-être à cause de sa culpabilité, peut-être aussi à cause du houspillage systématique et agressif du FBI - l'agence ferme le dossier et détruit les preuves.

On ne saura jamais le fond de l'affaire.

Reste que The Anthrax Attacks se contente bien souvent malheureusement de survoler son sujet. Le côté scientifique et biologique est mis de côté, pour privilégier le sensationnel et le pathos, créant un long ventre mou constitué par les reconstitutions douteuses de la fin de vie de Bruce Ivins dans le deuxième tiers du long-métrage.

Bref, divertissant, intéressant, mais pas assez creusé et parfois clairement approximatif, The Anthrax Attacks vaut tout de même le coup d'oeil.