THE ASSASSIN (16,8) (Hou Hsiao-Hsien, CHIN, 2016, 105min) :
Une fresque historique somptueuse dans la Chine ancestrale du VIIIe siècle contant le destin de Nie Yin-niang éduquée par une nonne aux arts martiaux, revenue dans sa famille à la suite d’un exil, pour exécuter une mission: éliminer les tyrans. Hou Hsiao-Hsien s'inspire des romans de la dynastie Tang pour nous offrir un wu xia pan (film de sabre et d'art martiaux) dans la plus pure tradition des atmosphères spirituelles et des combats réduits au minimum. Un vrai faux film d'action éblouissant à la mise en scène magistrale dont chaque composition de plan coupe le souffle par sa virtuosité et sa beauté renversantes. L'utilisation de longs plans séquences très lents où la caméra prend de la distance pour mieux figer l'émotion jusqu'à notre envoûtement, pour mieux nous plonger dans la philosophie de vie des samouraïs. Chaque paysage, chaque expression, chaque décision, décors intérieurs, costumes et lumières sont d'une précision remarquable nous convient plus à un opéra qu'à une simple fiction de cinéma, les âmes dansent et luttent comme un drame Shakespearien ou influencé par le maître Kurosawa. Les scènes de combats très courtes sont chorégraphiées comme le plus beau des ballets virtuoses et impose un rythme différent au récit comme pour mieux trancher nos cœurs quand les corps sont meurtris. Le scénario assez succinct qui sert plus de trame qu'à une vraie intrigue peut dérouter, car l'histoire assez floue de par toutes les implications des personnages n'est pas l'enjeu de ce drame intime. Une œuvre d'art composée d'un splendide prologue en noir et blanc, avant d'entamer une succession d'ellipses, de tableaux lumineux fascinants d'où la magie opère comme par la grâce. Une rêverie accompagnée par une bande sonore qui joue magnifiquement le contre temps de l'action pour enrichir sa splendeur. L'interprétation presque mutique de l'héroïne incarné par la sublime Shu Qi nous emporte dans la pureté de ce conte moral. Venez vous laissez emportez par l'esthétisme sidérant de "The Assassin". Minimaliste, mystérieux et majestueux. Une pépite !