Cinéaste habitué aux différents festivals, Hou Hsiao-Hsien a eu l'occasion de présenter son dernier film à Cannes en 2015 où il est reparti avec le prix de la Mise en scène. A l'issue de la vision de The Assassin on ne peut que comprendre le choix du jury. Et je peux vous dire que ce jury et moi, nous ne sommes pas toujours en phase.
Très clairement, The Assassin vaut essentiellement pour sa technique, sa mise en scène et sa photographie. Esthétiquement, il s'agit d'un des plus beaux films qui ne soit sorti en ce 21ème siècle. Chaque plan est travaillé jusqu'à l'exagération. Chaque plan ressemble à une peinture quasiment. Le réalisateur s'est énormément documenté sur la Chine du 9ème siècle. Et puis l'énorme plaisir que représente pour le spectateur de voir qu'un film peut encore être entièrement tourné en décor réel à notre époque. Les paysages de Mongolie et de Chine, lieux de tournage de The Assassin sont tout simplement magnifiés.
De plus, l'oeuvre possède une kyrielle de plans-séquences apportant donc une touche de lenteur et de contemplation à chacun des plans proposés. Les gros plans sont inexistants dans cette oeuvre (je n'ai pas le souvenir d'un plan de ce type dans le film).
Le cinéaste retrouve Shu Qi qu'il a déjà eu l'occasion de diriger dans Millenium Mambo et Three Times (toujours sur ma pile de films à voir par ailleurs). Une actrice magnifiée sous la caméra du de Hou Hsiao-Hsien.
Mais tout n'est pas idéal non plus dans ce film. A choisir délibérément de s'inétéresser énormément à son côté esthétique, le cinéaste en a laissé quelque peu de côté le scénario et le rythme. Il faut reconnaître que c'est par moment assez assommant et long. On a aussi l'impression que l'histoire n'est qu'un prétexte finalement à nous offrir des superbes images. Hou Hsiao-Hsien a l'art de complexifier ici sa trame de manière un peu inutile. Alors bien entendu, l'aspect est assez intéressant avec cette femme qui doit soit suivre celle qui a été son guide durant des années ou alors suivre son coeur et épargner son ancien amant, mais ça demeure insuffisant que pour en faire un grand film.
Le scénario n'atteint donc jamais la superbe qualité de l'image et de la mise en scène. Mais encore une fois, rien que pour ce dernier aspect, c'est un film qui se doit d'être vu.