Comme beaucoup de films asiatiques de qualité, THE ASSASSIN prend son temps. C'est de ces films qui hypnotisent, mais pour cela, demande une certaine dévotion de la part du public. D'autant que la narration ciselée est difficile à appréhender. Toutes les cartes ne sont pas dévoilées immédiatement même si, au bout de trente minutes, on finit par comprendre, rassembler les morceaux ensembles. L'histoire de la jeune femme assassin est celle d'une enfant sacrifiée dans une Chine féodale, ce qui est le destin attendu d'une fille, d'une princesse. Mais celui qu'elle choisi, plutôt qu'assassin, de justicière, est un signe d'une liberté prise, et en cela, le film ressemble sur la fin à un Sergio Leone.
Ce n'est pas le premier film de sabre Chinois à ressembler à un western, DRAGON INN de King Hu maître du genre dans les années 60, s'inspirait déjà du cinéaste italien dans sa fresque féodale pleine d'humour et d'ironie. D'ailleurs, on ressent l'inspiration de King Hu qui dans son chef d'oeuvre A TOUCH OF ZEN associait une image sublime à un film de sabre chinois où c'était d'ailleurs une femme l'héroïne, et celle-ci à la fin, rejoignait des moines guerriers afin de parfaire son apprentissage. Le parallèle se tisse donc à la perfection entre les deux films. Et THE ASSASSIN par son image sublime, et sa manière subtile de raconter l'histoire d'une femme se libérant des obligations de la société, de son maître, et de sa famille, accompagné d'une musique assez éblouissante est indéniablement un très beau film. Il a une grace hypnotique et une beauté enchanteresque qui vaut le coup d'oeil.
En revanche, de par sa lenteur, et l'aspect cryptique de sa narration, il n'est cependant pas à mettre devant tous les yeux, du moins, pas sans une certaine préparation. C'est sans doute là que le bas blesse. Le film n'est pas aisément abordable et déplaira sans doute à une grande partie du public du fait de sa lenteur et de sa difficulté à tout de suite emporter le spectateur. Personnellement j'ai eu du mal surtout avec le début en noir et blanc, et je pense pas d'ailleurs que ce choix de couleur fut si judicieux. Le film n'en reste pas moins très beau, méritant les récompenses qu'il a reçu.