L'annonce de la sélection, en mai dernier, du nouveau film de Hou Hsiao-Hsien à Cannes avait tout ce qu'il fallait pour exciter les fans : premier film en 8 ans, le retour de Shu Qi (après Millenium Mambo et Three Times) et, surtout, la version du Wu Xia par le maitre. Suivant le parcours de Yinniang, devenu un assassin après son éloignement à la campagne, qui doit assassiner son cousin, le film nous entraine dans une histoire à la fois légère, simple, et pourtant bourré de petit chemin de traverse que Hou Hsiao Hsien n'hésite pas à emprunter. Ansi, grâce à cette simplicité d'apparence, le film se trouve être une vraie expérience zen. Que ce soit dans les plans de natures absolument sublime (notamment ce plan à la fin du film où Yinniang retrouve son maitre en haut d'une falaise. Le décor, d'abord grandiose et d'une profondeur splendide, se retrouve envahi par la brumes, isolant totalement la falaise. Un veritable moment de magie entièrement naturel qui ébloui complètement)., dans les scènes de combat toujours réalisés avec légèreté et avec presque un refus de la violence, où les dialogues filmé en plan séquences toujours aussi beau (depuis "Les fleurs de Shangai" notamment). La cohésion de tout ces éléments permet au film d'atteindre une sorte de magnificence, à la limite de la perfection du genre, qui fait presque oublier les films de King Hu. Pourtant, le film contient un défaut : il est bien trop court. On ne voit pas le temps passé, certes, on est accriché à son fauteuil durant les 107 minutes, mais on sort avec une envie d'en voir plus, tellement plus. Pourtant, difficile de ne pas être convaincu par ce film d'une beauté et d'une puissance rare, qui s'impose déjà comme l'un des meilleurs films de 2016 (si ce n'est le meilleur, devant, de très peu, "Carol" et, un peu plus, "The Revenant").