Si les premiers indices que laisse entrevoir The Assassin (ie : la figure féminine dont la dextérité avec un poignard n'a d'égale que le sens de la Justice ) peuvent, de prime abord, enraciner l'oeuvre dans la lignée des films chinois contemporains, qui sur toile de fond historique sont l'occasion de perpétrer sur grand écran la tradition des arts martiaux, à l'instar de Tigres et Dragons (Ang Lee) ou encore du Secret des Poignards Volants (Zhang Yimou), pour Hou Hsiao-Hsien, il n'en est rien.
En effet le tintement des lames qui s'entrechoquent et les combats aériens se fondent de manière subtile dans le décor. Comme un rouleau de peinture traditionnelle, à mesure que le film progresse, les tableaux semblent se succéder, la trame s'éclaircit, les personnages se détachent et s'affirment.
Les dialogues se font rares : l'essentiel est suggéré dans ce film où le silence est d'or. Assourdissent, immense, il enveloppe le spectateur et le plonge dans cette atmosphère où la lenteur loin de rimer avec ennui, s'apparente à cette philosophie traditionnelle si particulière. Elle fait appel à nos sens et par la puissance des images et la symphonie des couleurs, semble suspendre le temps et dérober aux mots leur raison d'être.
A ce titre, et d'un point de vue tout à fait personnel, The Assassin tisse un lien étroit avec Only Lovers Left Alive, le dernier long métrage de Jim Jarmusch sorti en 2013. Ici, il n'y a rien à attendre, juste à se laisser porter dans l'immensité des paysages et envahir par l'esthétique bouleversante des images.