A l’image du monde idéal qu’évoque Donald Trump, «Protéger et Servir» le peuple américain en construisant un mur pour y enfermer les indésirables (migrants, inadaptés sociaux…). La réalisatrice propose une vision futuriste de ce qui pourrait finalement arriver. Dénommés ici «the bad batch» ces hommes et ces femmes sont envoyés dans le désert pour y finir leur vie d’une façon ou d’une autre, laissés à leur propre sort et à leurs instincts de survie.
A sa sortie de prison, Arlen (Suki Watherhouse) est donc envoyée dans le désert avec un seul «Hamburger» comme dernier symbole d’une société qu’elle quitte définitivement... Seule, elle sera rapidement kidnappée par des cannibales culturistes ! Voici le spitch.
Tout un décor décalé pour ce western apocalyptique : une ambiance désolée et effrayante. Désert ensoleillée et dépouillé, lenteur à la hauteur de ces vies moribondes, voiturettes de golf comme moyen de transport illusoire, carcasses d’avions ou maison en taule ondulée, déchets de consommation de toutes sortes pour un lieu de vie cauchemardesque où la notion de progrès n’est plus qu’un vague souvenir. Et un melting-pot assez étonnant dans son choix d’acteurs.
Jim Carrey, nous démontre qu’il sait encore une fois changer de registre. Ce laissé pour compte avec son chariot et ses multiples trouvailles, sera bien celui qui les sauvera tous et redore l’image du vagabond en nous rappelant à notre solidarité manquante.
Keanu Reeves, impeccable gourou d’une sorte de ville décadente et à ciel ouvert, vit lui, heureux dans un monde oublié, dans le luxe, menant la population à sa suite avec quelques psychotropes et musique endiablée en leur parlant d’amour et de vie. L’image du dictateur homme de «bien» qui contrôle son pouvoir, pour un clin d’œil encore une fois à notre bonne société et à la manipulation des masses réussie.
Arlen n’est ni marquante ni absente. Elle se laisse finalement porter par les événements, subit et accepte son état, n’étant n’y vraiment revancharde, ni cette héroïne badass à laquelle on aurait pu s’attendre. Et c’est là une bonne idée. Elle peut être n’importe qui, dépassée par les événements cherchant un exutoire à sa propre survie.
Le gros défaut de la réalisatrice est d’osciller constamment des uns aux autres sans les approfondir, avec un manque de cohérence de ses personnages (Notamment Jason Momoa et Suki Watherouse (rôle principaux !) et de ses situations, de jouer sur quelques effets de mise en scène, de lumière, de délires hallucinatoires et musicaux, en esthétisant son intrigue, à défaut de la doter d’un scénario solide. L’absence de moments forts ou de dialogues percutants, sapent l’ensemble, et les quelques scènes dites gores, n’ont guère d’effet et génèrent que peu d’angoisse. Entre grands espaces, ou caméra au plus près des personnages, muscles, tatouages et mini-short, Ana Lily Amirpour, se perds dans une sorte de fable sociétale, mêlant le survival à la romance sans vrai enjeu, manquant de rythme.
Mais en terme d’effets, de décors, et de photographie, la réalisatrice maîtrise son travail et propose une originalité pour tout amateur.