Avant de commencer la critique, je dois avouer que j'ai dû regarder le film deux fois avant d'avoir une opinion vraiment établie. La première fois j'ai eu une étrange sensation en achevant le visionnage, comme quand on se réveille et qu'on n'a pas encore réalisé que nos rêves n'étaient pas réels. Je m'explique, le film commence très fort avec une vision dystopique (je n'irai pas jusqu'à post-apocalyptique) d'un futur proche dans lequel les marginaux de quelque sorte qu'ils soient son enfermés dans un désert où les lois n'existent plus. On suit donc Arlen, qui vient tout juste d'être lâché dans cette prison à ciel ouvert, se faisant très vite agressée par deux cannibales. Elle parvient finalement à s'échapper malgré deux membres en moins, puis vient une ellipse temporelle de 5 mois et le rythme ralentit. Arlen cherche à se venger de ses agresseurs de façon assez arbitraire. On découvre ensuite la ville de Comfort, dont les habitants sont guidés par une espèce de gourou hallucinant nommé The Dream. Le film se termine par une romance entre Arlen et Miami Man (un cannibale du désert), qu'il est inutile de développer à mon sens...
Malgré un scénario simpliste, voire tout juste existant. Je parlerai plus de trame que de scénario en tant que tel. En effet, nombreux sont ceux qui ont reproché au film son manque de profondeur et d'ouvrir beaucoup de pistes sans les creuser d'avantage. Pourtant, les enjeux exposés au début du film sont pour moi largement traités, mais il faut passer au delà du scénario et considérer le visuel comme le réel fil directeur du film. Les images sont d'une beauté à couper le souffle, et certaines scènes sont très parlantes malgré des dialogues très succins et rares (sans pour autant être inutiles). De plus, il faut noter une cohérence très bien mise en oeuvre dans la photographie : toutes les images du film se légitiment les unes les autres.
Le casting trois étoiles sublime la qualité d'image par un jeu toujours très juste, Suki Waterhouse parvient à insuffler une dynamique dans son personnage et apporte un aspect féministe au film avec un personnage féminin fort. Keanu Reeves semble prendre un malin plaisir à jouer les manipulateurs de masse au calme olympien. Jim Carrey est méconnaissable dans le rôle de l'ermite muet et bienfaiteur. Les apparitions de Giovanni Ribisi, pourtant très courtes, apportent de la consistance au tableau générale. Finalement le seul qui soit un peu à côté est Jason Momoa, bien que correct il ne semble pas toujours coller au personnage.
Ajoutez à cela une bande originale envoûtante, magnifiquement accordée au ton du film, et vous obtenez un excellent film à voir au plus vite.