Scène d'ouverture: trois frères complètement fous sonnent à la porte d'une maison de banlieue étatsunienne, ils sont sales, tatoués, mal rasés, portent les cheveux longs et gras et sont armés jusqu'aux dents. Derrière la porte, une galerie de mines patibulaires, cheveux courts, tatouages encore plus fournis et armés jusqu'aux dents. Après quelques échanges d'amabilités, les coups de feux pleuvent, le sang gicle et les bibelots explosent. Moralité de la scène: ils se sont trompés d'adresse, le rythme et l'esprit du film sont installés.
La bombe latine Eva Longoria les a vus, jugés efficaces et les embauches alors pour récupérer son filleul enlevé par son ex-mari incarné par un Billy Bob Thornton à cran et constamment au bord de l'explosion.
Voilà le point de départ de ce film explosif qui, dans la lignée des True Romance, Boulevard De La Mort et autre Planète Terreur, confirme une remise à zéro du genre western façon XXIème siècle. Clint Eastwood avait tenté de l'enterrer, des réalisateurs comme Barry Battles tentent eux de lui faire pendre un virage radical sans pour autant renier l'héritage des créateurs du genre. Car les références et les codes respectés sont nombreux, les fusillades sont continuelles dont une qui a lieu dans un bar, les pistolets sont portés dans un étui de ceinture, une grande partie du film est occupée par une course-poursuite, sans compter la bande originale clairement inspirée des westerns classiques.
Clairement, ce film est bourré de défauts et de repères qu'il emprunte à ses récents prédécesseurs (image tirant sur le sépia), les acteurs ne sont pas toujours parfaits, à part Thomas Brodie-Sangster incroyable de vérité.
Pourtant, c'est jouissif du début à la fin pour nombre de raisons, l'action commence dès les premières minutes et ne relâche plus la pression, le côté bande-dessinée est ouvertement revendiqué, B.B. Thornton est nerveux et au bord de la crise nerfs. Le meilleur morceau est que pour récupérer l'enfant il envoit à la poursuite des trois frères tour à tour cinq déesses du sexe habillées comme des prostituées et montant des grosses Harley, une bande de blacks embarqués dans un énorme camion noir transformé en bateau pirate et pour finir des peaux-rouges terrifiants chevauchant d'improbables choppers, arc en bandoulière. Bien évidemment les trois frères vont tous les liquider, rendre l'enfant à sa marraine et finir en prison. Au passage on en aura appris un peu plus sur eux, sur leur enfance et sur leurs douleurs.
Ce n'est probablement pas le film de l'année mais il a le mérite de contribuer à reposer les fondations d'un genre moribond et apporte au spectateur un sourire d'une oreille à l'autre de la première à la dernière minute.