Dennis Yu signe avec The Beasts son premier film en tant que réalisateur. Surtout il nous invite dans un rape and revenge de haute volée créant une ambiance singulière. On y suit un groupe de jeune gens qui vont faire du camping dans un coin paumé. Ces derniers vont alors croiser un groupe d'individu qui donnent le titre au film. Véritable animaux évoluant sans aucune contrainte. Ils violent, volent et tuent sans une once de compassion et de regret. Le cadre où prend place l'action du film est un lieu reculé, loin de toute urbanisation. On se perd dans une bourgade à la densité pauvre et aux maisons décrépitent. La nature règne en maître. Si la nature par sa verdure tend à donner une image « jolie » en général, elle cache en réalité ici les instincts grégaires d'un autre temps ; ceux d'un groupe d'homme qui règnent véritablement en maître sur elle ou comment la loi du plus fort prend place sans discernement. Cette nature dévoile alors un visage glauque tout en nous enfermant dans un piège ensanglanté.
La réussite d'une œuvre d'exploitation comme celle-ci est de parvenir à nous tenir en haleine, tout en y distillant une tension palpable de tous les instants. Le pari est réussi tant elle suscite en nous une peur viscérale. La mise en scène de Dennis Yu y est pour beaucoup puisqu'elle crée une œuvre dérangeante. Elle nous enveloppe dans une atmosphère dont la bande son participe vivement à l'immersion. Le rythme est savamment soutenu comme son suspense qui nous offre une vengeance à la fois ingénieuse et animale. On pourrait également louer les prestations des acteurs au jeu juste dont se détache un Kent Cheng impeccable. Ce dernier interprète un jeune homme simplet, témoin des horreurs de ses acolytes. On parvient à distinguer en lui une certaine forme de souffrance enfouie.
The Beasts est un film âpre et violent. Il montre ce qu'il y a de plus vil et bestiale chez l'homme. Une plongée dans l'horreur qui interpelle sur la légitimité de la vengeance. Un film qui aurait mérité un tout autre écho tant il marque d'une empreinte forte un tournant dans cette industrie cinématographique hongkongaise d'alors.
(voir peloche et + : https://hongkongmovievideoclub.wordpress.com/2012/02/17/the-beasts-1980-dennis-yu-avis-critique-review/)