The Untold Story
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le 31 janv. 2022
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Griffin Yueh Feng est entré dans l’industrie cinématographique à Shanghai en 1933 en réalisant la superproduction The Raging Tide, lui valant une bonne réputation dans le milieu. A partir de là, il ne cessera de réaliser, tournant pas moins de 88 films, d’abord en Chine, puis à Hong Kong dès qu’il s’y installa en 1949, travaillant pour plusieurs studios tels que Great Wall, MP & Gi et la Shaw Brothers. Il remporte divers prix, comme par exemple aux Golden Horse Awards, et en 1991, la Film Director’s Guild lui décerne le prix d’excellence pour l’ensemble de sa carrière. Dans ses mémoires, Chang Cheh lui-même a déclaré que certains films de Griffin Yuen Feng tels que An Unfaithful Woman (1949) et Blood-Stained Begonia (1949) ont contribué à élever le niveau de l’industrie cinématographique locale. Une de ses dernières grandes réussites, si ce n’est sa dernière grande réussite, c’est sans conteste The Bells of Death, un film de vengeance tout simple mais diablement efficace, qui va à l’essentiel. Et ça tombe bien, parce qu’il a débarqué chez nous dans un coffret Shaw Brothers proposé par Spectrum Films. Alors on vous en parle.
Le scénario de The Bells of Death est très simple. Dans les 5 premières minutes, trois individus mal intentionnés, kidnappent une jeune fille après avoir tué son petit frère, son père et sa mère. Lorsque le grand frère rentre à la maison et découvre le massacre, il décide de se venger. Il croise la route d’un maitre en arts martiaux qui va l’entrainer, et au bout de cinq ans, lorsque sa formation est achevée, il entame sa quête vengeresse. Voilà, un scénario qui tient sur un timbre-poste, qui ne dévie jamais de sa trajectoire. Des films de vengeance, il y en a plein et de toutes sortes. Et déjà à l’époque, on pouvait en trouver un peu partout à travers le monde. Difficile de faire original, alors certains ont juste choisi l’efficacité. C’est le cas de The Bells of Death avec un réalisateur qui fait tout ce qu’il faut pour que son film soit intense et devienne même passionnant à suivre. Le scénario est dégraissé au possible. L’entrainement de 5 ans du héros est tout simplement zappé car il n’y en a pas réellement besoin ici, là où quelques années plus tard, cela deviendra un passage quasi obligé de ce genre de film. Les personnages ne sont jamais approfondis mais pourtant ça ne gêne à aucun moment car ils sont suffisamment caractérisés et charismatiques. Les méchants sont bien distincts de par les armes qu’ils utilisent (arc, épée, hache) et la tragédie du héros et sa souffrance sont suffisamment bien mises en scène pour qu’on ait immédiatement de la sympathie pour lui. Et puis force est de constater que tout le casting s’en sort à merveille, à commencer par Chang Yi qui interprète le héros, tout bonnement impressionnant, arrivant à faire passer tout un tas d’émotions juste avec son regard noir. Il vit son personnage, il est ce justicier vengeur. Sa transformation est visible à l’écran, passant d’un simple coupeur de bois maladroit à un épéiste hors pair. Quel dommage qu’il n’ait pas réussi à sortir du lot, bien qu’avec des mastodontes tels que David Chiang, Ti Lung ou Jimmy Wang Yu à cette époque, il était difficile de se faire une place.
Le titre fait référence à un petit bracelet de clochettes, qui était en possession de la mère lorsqu’elle fut tué, et que le héros du film trimballe sur lui, comme pour annoncer à ses futures victimes leur décès prochain. Le son de la mort. Un son qui pourra d’ailleurs finir par agacer tant il est présent tout le long du film puisque dès que le personnage central se bat ou même juste se déplace, résonne le son de ces clochettes. Il règne dans le film une ambiance western, par les décors, par la façon dont les chevaux sont utilisés en début de film, par le jeu des regards, mais aussi et surtout par la musique qui pompe sans vergogne dans le répertoire musical des westerns spaghettis de l’époque. Les combats sont très intenses, violents, parfois gores (décapitation, empalement) et certains sont extrêmement réussis à l’instar de ce superbe affrontement dans une forêt de bambous, un des meilleurs qu’on puisse voir dans ce genre de lieu. Les mouvements sont secs, brutaux, et bien que le héros soit capable de mouvements lorgnant vers le wu xia pian fantasy (l’attaque avec les feuilles, quelques sauts très hauts), l’ensemble reste malgré tout très sérieux, réaliste, et de bien belle tenue. Il y a malgré tout un problème, le montage qui parfois a été fait à la hache, avec des coupes très étranges. Alors ça reste assez sporadique mais malgré tout, on ne peut que regretter qu’il n’y ait pas eu un peu plus de fluidité, ce qui aurait amener le film à des sommets. Niveau mise en scène, c’est également une grande réussite. Griffin Yueh Feng sait parfaitement comment composer ses cadres, comment mettre en valeur ses acteurs, avec en plus une photographie est très sophistiquée, et un peu à la manière d’un western spaghetti, difficile de se dire que ce film a plus de 55 ans. Il est parfois difficile pour certains d’apprécier à leur juste valeur des films de cette époque, très old school, en particulier dans les combats. Mais The Bells of Death a cette qualité de ne pas subir les ravages du temps et arrive à transcender son époque au point que justement, 56 ans après sa sortie, il reste toujours aussi impressionnant.
The Bells of Death est un plaisir absolu à regarder. C’est un film qui ne vieillit pas, qui impressionne toujours par son côté simple (mais pas simpliste), ses affrontements secs et violents, et son envie de donner au spectateur ce qu’il est venu chercher. Une jolie petite claque.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-bells-of-death-de-griffin-yueh-feng-1968/
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Créée
le 11 avr. 2024
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