La tour infernale
Depuis Le Loup de Wall Street, le genre de l'économie au cinéma a pris un nouveau tournant. En effet, on assiste depuis peu à une mutation d'un public à la fois avide de divertissement et en même...
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le 31 déc. 2015
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Je ne m'attendais pas en allant voir The Big Short, à me retrouver face à un film de la sorte. Les bandes annonces, mensongères, me faisaient croire à un film rythmé et relativement entrainant ; une sorte de Loup de Wall Street (M. Scorsese) moins cru et aussi diplomate que Margin Call (J.C. Chandor). Ce ne fut pas le cas ; mais cependant ce ne fut pas une séance désagréable.
Si ce que j'espérais a disparu durant le premier quart d'heure, l'ensemble que j'ai vu m'a plutôt captivé. Mais je reconnais que les jargons économiques et les faits sont difficilement compréhensibles. The Big Short est à la hauteur de ce qu'il offre et propose : Adam McKay (Légendes Vivantes) livre un long-métrage très documenté, et informe donc parfaitement le spectateur sur la crise Américaine de 2008. Le sujet de cette crise financière est abordé de façon très explicite et précise, le vocabulaire et les séquences de dialogues ne manquent donc pas. Le réalisateur nous plonge en pleine Amérique sous fraude avec ces outsiders que sont Michael Burry, Mike Baum, Jared Vennett et Ben Rickert. Si les personnages ne se rencontrent pas tous dans le film, chacun développe son entourage avec les fais et gestes des autres. Sorte de film choral documenté, The Big Short est une œuvre compliquée portée par un casting fabuleux.
Christian Bale (The Dark Knight) est très bon dans son rôle. Sa psychologie est suffisamment développé pour qu'on comprenne ses intentions et son passé. De même pour le personnage interprété par Steve Carell (Foxcatcher), très convaincant lui aussi. Ryan Gosling (Crazy Stupid Love) et Brad Pitt (Se7en) sont eux aussi tout à fait crédibles. Et les seconds rôles et caméos ne manquent pas ! Finn Wittrock (American Horror Story), Melissa Leo (Snowden), John Magaro (Carol) et même [spoiler]Margot Robbie (Le Loup de Wall Street) ainsi que Selena Gomez (Spring Breakers)[/spoiler] livrent de belles performances. Chacun est bien écrit et travaillé porté par une interprétation convaincante, malgré des moumoutes ridicules il faut bien l'avouer. Le metteur en scène n'hésite même pas à briser à plusieurs reprises le quatrième mur. Des monologues, narrations, explications financières par les personnages à la manière d'un Frank Underwood dans la série House of Cards ou même par des écrits et légendes viennent apporter au long-métrage un aspect documentaire coup de poing. Le pari fou que vont faire ses hommes contre Wall Street tout entier ne tient qu'à un fil, jusqu'à ce que la balance s'effondre dangereusement.
La mise en scène d'Adam McKay, principalement connu pour ses comédies, est bonne bien que le rythme que j'espérais trouver ne soit pas au rendez-vous. Nous sommes perdus voire largués durant les 2h de dialogues incessants. Les longueurs sont là, malgré des thématiques parfaitement exploités. Mais sa narration reste majoritairement captivante et intéressante. Les biens fondés sur le malheur des autres est critiqué de toutes parts. Le système dénoncé sans scrupules est assez fascinant à suivre, cela surtout par l'intermédiaire des personnages hauts en couleurs.
La réalisation n'est en soi pas mauvaise mais la caméra bouge, tremble sans cesse et c'est embêtant pour l'immersion total. L'histoire n'ayant pas d'actions directes, le rythme étant assez lourd, le plongeon dans les bourses de Wall Street se fait non sans difficultés. Heureusement que la BO composée par Nicholas Britell (New York, I Love You) est énergique et en accompagnement saisissant avec l'ensemble du film. Les musiques orchestrées sont superbes et dans l'ambiance qui se dégage du récit, et les morceaux utilisés comme When The Levee Breaks de Led Zeppelin ou bien le jeu de batterie prenant de Christian Bale aussi également.
Entre le drame humain et la comédie réaliste, The Big Short dépeint une société immorale, corrompue et mise à mal par les traders. Une société américaine en déshumanisation croissante à cause de la bourse. Différent de ce que je voulais et espérais mais tout de même bon et intéressant, The Big Short : Le Casse du Siècle est un long-métrage qu'on ne peut recommander à tout le monde pour sa complexité financière.
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Créée
le 29 déc. 2015
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