Wall Street loves to use confusing terms to make you think only they can do what they do.

The Big Short : Le Casse du siècle, adaptation du best-seller de Michael Lewis, s'attaque au pari fait en 2005 par six outsiders contre les banques américaines. Nos protagonistes prédisent un effondrement économique dans les années à venir. S'ils ont tort, ils perdent tout ce qu'ils ont construit. S'ils ont raison, ils raflent la mise et des milliers d'Américains perdent leur emploi et leurs biens.

Si on peut voir quelques similitudes avec The Wolf of Wall Street, la comparaison s'arrête très rapidement. Derrière cette comédie profondément ironique, on nous présente une critique assez amère de la société américaine. Plutôt que de montrer les déviances du marché financier et le luxe dans lequel nagent ceux qui en profitent – frauduleusement ou non, The Big Short s'attache plus à montrer les conséquences néfastes et à poser un questionnement éthique quant au pari tenu par les personnages principaux. Ainsi, adieu les orgies, les baignades dans des liasses de dollars et la consommation abusive de drogues à la Scorsese et bienvenue dans la vie de l'Américain moyen qui souffrira d'une économie sur le déclin. Pour reprendre les propos d'un critique américain : c'est The Wolf of Wall Street avec une conscience.

Au niveau du casting, The Big Short nous sort des grandes pointures : Brad Pitt, Ryan Gosling, Christian Bale et un Steve Carell à fleur de peau qui nous rappelle qu'il n'est pas juste capable de nous faire rire. Son personnage, au début agaçant, nous arracherait presque une petite larme à la fin. Le film permet aussi à des acteurs montants et plus attachés au petit écran de s'offrir un petit rôle dans une grosse production : ainsi, on retrouve l'inquiétant Finn Wittrock d'American Horror Story, la belle gueule de Max Greenfield de New Girl ou encore la pétillante Karen Gillan de Doctor Who.

Le point fort du film repose sur sa construction, notamment grâce à des adresses – souvent humoristiques – au spectateur qu'on a peur d'avoir perdu après un monologue kilométrique sur le marché financier. Mckay réussit à nous faire avaler plus de 2h de film sur un sujet que peu de gens maîtrisent. À coups de termes financiers incompréhensibles, on nous rappelle pourquoi nous offrons aveuglément notre confiance à notre banquier : on ne comprend pas son boulot... et il semblerait que lui non plus. Qu'il n'en déplaise au spectateur, s'il n'est pas sûr d'avoir tout saisi, il a passé un bon moment – au pire, il y aura bien une blondasse dans un bain à bulles pour lui expliquer les concepts économiques qu'il n'a pas compris.

A voir et à revoir.