Il y a un je ne sais quoi d'amusement dans ce film, habilement dissimulé derrière une satire mordante et désenchantée sur une jeunesse perdue.
Un amusement stylistique. Sofia Coppola fait ce qu'elle veut.
Avec son image ultra lumineuse qui rend bien compte de la perfection plastique des corps et des intérieurs du milieu qu'elle décrit, elle alterne entre poses documentaires (les interviews de la journalistes, prétextes à une voix-off inégale), plan séquences improvisés (lors des cambriolages) et rigidité calculée (miroirs, ralentis, jeux de lumière, de cadres...). L'ensemble est ultra brouillon, mais non dénué d'un certain dynamisme qui sied à merveille au récit. Rythmé par une B.O. hallucinée et tout bonnement géniale (sans crier garde, Coppola nous glisse du Plastikman, du deadmau5, du Kanye West, pour le plus grand plaisir des auditeurs avisés), le récit est foutraque, alambiqué, plaisant à regarder car délirant, ubuesque, parfois même absurde (comment ont ils fait pour pénétrer dans ces villas aussi facilement ??) mais souvent vide. Car 1h21, on peut trouver que cela fait très peu. Et pourtant, dans ce laps de temps, tout est dit, et même répété.
On assiste quatre fois au répétitif triptyque :
- cherchons l'adresse d'une star absente de son domicile sur google
- dévalisons sa maison en fantasmant sur tout le luxe accumulé
- regardons notre butin, amusons nous avec et, pourquoi pas, revendons-le.
Les 40 premières minutes sont ainsi un peu lassantes et peu intéressantes (quoique la mise en abyme dans le show bizness, avec les vraies starlettes (notamment Kristen Dunst, caméo sympathique) soit plaisante).
Surtout que le récit, d'une facilité enfantine n'est jamais expliqué. Tout est posé ; on a ce garçon introverti et efféminé qui, nouveau dans une école, se fait pour seule amie une "rich bitch" qui vite l'emmène, avec ses copines, dans un délire kleptomaniaque poussé qui les mènera là où l'on sait que tout fini.
Et encore, là dessus Sofia Coppola laisse planer un doute ironique. La dernière scène est en cela si désespérément drôle... La leçon n'a pas été comprise, on se rejette encore la faute et la seule chose qu'on souhaite être c'est célèbre.
Le constat est flagrant, et pitoyable. Aucuns remords, aucune explication, aucun sentiment. Coppola est en cela d'une froideur qui contraste avec l'ensemble de son film, à l'ambiance riche, chic, sexy. Rien ne nous est expliqué, les familles sont absolument absentes et lorsqu'elles ne le sont pas c'est pour utiliser leurs enfants à des fins de succès et pour en profiter pour propager leurs délires sectaires de jet-seteuses droguées mais végétarienne.


Le film est ainsi fait qu'il est construit entièrement sur ce paradoxe total, cette pure contradiction entre froideur et humour, entre sérieux quasi documentaire et amusement gratuit, décomplexé, et entre satire sociale caustique et teenage movie simple.
On peut trouver le tout déséquilibré, raté. Mais on peut surtout se plaire au visionnage.

Créée

le 8 mars 2016

Critique lue 247 fois

Charles Dubois

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