Film surprenant : Sellers et Aznavour, pour ne citer que les plus connus, qui se retrouvent coincés dans un bunker lors de la seconde guerre. Mais vraiment coincés, c'est-à-dire que toutes les issues sont obstruées. Heureusement, il y a assez de nourritures et d'eau (et de vin) pour ne pas mourir affamés... mais c'est peut-être ça qui est le pire en fait ? Devoir vivre dans un trou quand tout le monde vous a oublié...


Les auteurs s'en tirent globalement bien. Il faut tout de même attendre la moitié du récit pour que les choses deviennent vraiment intéressante, notamment avec les personnages qui flirtent de plus en plus avec la folie. C'est tout de même un peu mou tout du long, faut dire qu'il n'y a pas vraiment d'objectif principal, chaque scène servant à mettre en avant le déclin mental de chaque personnage, les liens qui se tissent, ceux qui se défont de la réalité, les petits trucs qu'on se donne pour garder le moral, le rapport à la nourriture (au début on se jette dessus, à la fin c'est devenu le moindre des problèmes). C'est vraiment intéressant pour le traitement des personnages... mais il manque la petite note d'espoir du survival, ou autrement dit (narrativement dit), un objectif principal pour structurer le récit, amener plus de conflits.


La mise en scène n'est pas non plus très dynamique : la caméra bouge lentement, les mouvements sont discrets mais pour autant très utiles. En même temps, cela aurait été malvenu de proposer une caméra nerveuse et un découpage plus soutenu par rapport au ton de l'histoire ; je veux simplement souligner le fait que la caméra appuie parfois les quelques lourdeurs narratives (il ne se passe rien : on filme ce rien longuement-posément pourra-t-on dire). Le lieu est tout de même fort intéressant et on a droit à quelques jeux de lumière intéressants, même si ça aurait pu être plus poussé (en même temps je comprends le choix de ne pas trop en faire : cela aurait distrait de l'histoire qui demandait une mise en scène sobre, discrète). Et puis surtout, le casting est bon : de bonnes gueules tout d'abord, ensuite des performances assez impressionnantes, y compris le p'tit Aznavour qui parvient à faire passer des trucs juste avec des petits hochements de tête discrets (ces mouvements arrivent à la fin et surprennent car ils contrastent grandement avec le surjeu du début, le personnage se montrant très à l'aise dans ce lieu fermé).


Bref, "The Blockhouse" jouit et souffre de son concept en même temps ; il m'a manqué quelques conflits, quelque objectif que ce soit (car le but n'est même pas de connaître l'identité des deux survivants) pour vraiment me laisser prendre au jeu, mais en même temps l'intrigue reste prenante et les acteurs suffisamment formidables pour ne jamais décrocher.

Fatpooper
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le 3 août 2016

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