Le chef-d’œuvre incompris

Pour son troisième film, Richard Kelly adapte une nouvelle de Richard Matheson et décide d'aller plus loin dans son développement, s'appropriant la base de l'histoire pour nous servir un scénario une nouvelle fois complexe et sujet à de nombreux questionnements... La base de la nouvelle narrait l'arrivée d'une mystérieuse boîte chez un couple qui se voit averti que, s'ils osent appuyer sur le bouton, quelqu'un mourra. Si c'est le cas, ils empocheront une grosse somme d'argent... Ici, l'intrigue conserve cette prémisse tout en l’élongeant à travers une histoire à l'atmosphère pesante instaurant une certaine angoisse permanente qui phagocyte l'ensemble du long-métrage.

Interprété par des acteurs seyant parfaitement à leurs rôles respectifs, du surprenant James Marsden au caméléon féminin Cameron Diaz ici tout en conviction, The Box nous entraîne dans une petite ville américaine des années 70, apportant à l'ensemble la beauté transcendante que l'on connait désormais venant de Kelly. Le défi de rallonger une histoire de huit pages en un film de 105 minutes étant lancé, le tout va crescendo vers une folie imagée, le suspense prédominant donc le long-métrage auquel va s'ajouter des rebondissements de plus en plus éprouvants, de plus en plus intrigants, et ce jusqu'à un final amenant à des questions sans réponses nous retournant habilement le cerveau.

Un point fort qui pourra en rebuter beaucoup, à l'image de la seconde moitié du film où le réalisateur nous balade une fois de plus dans son univers, ici en apparence inapproprié, constitué de passages spatio-temporels, d'effets numériques aquatiques et de casse-tête cinglant. Il bascule ainsi d'un début angoissant à la Hitchcock à une fin aux allures de thriller fantastique faisant tourner les méninges. C'est certainement cette seconde partie qui empêchera beaucoup de spectateurs de pleinement apprécier The Box, le film étant au final d'une rare complexité dont les méandres de son scénario en font finalement une perle rare dans le cinéma fantastique. Un chef-d’œuvre incompris, peut-être maladroit mais d'une originalité scénaristique inouïe.