Le jeune réalisateur Terry Ng, après avoir été assistant réalisateur ou second assistant réalisateur sur des films tels que Detective vs Sleuths (2022) ou certains films de la saga Storm (L Storm, P Storm, G Storm), se lance dans la réalisation et c’est pas moins de 5 films en même pas trois ans qu’il sort sur les écrans de Hong Kong : la romance dramatique Pretty Heart (2022), le polar Crypto Storm (2024, le futur actionner Ultimate Revenge (2023) et les films de triades Triad 3 (2024) et Triad 2, plus communément appelé The Brotherhood of Rebel. C’est à ce dernier que nous allons nous intéresser aujourd’hui parce qu’il prouve une fois de plus que, bien que beaucoup s’évertuent à dire qu’il est mort, le cinéma de Hong Kong a encore de beaux restes. Certes, les bons films sont plus sporadiques (la production a nettement diminué en termes de sorties), mais ils sont toujours là. Alors, oui, The Brotherhood of Rebel est assez classique dans ce qu’il propose, mais ce qu’il fait il le fait très bien, et ce retour de plusieurs décennies en arrière, à la belle époque des films de triades, est un joli petit bol d’air frais pour qui aime un tant soit peu le cinéma de l’ex-colonie britannique.

The Brotherhood of Rebel est la « suite » de Triad (2012) de Daniel Chan. Ou plutôt une suite thématique puisque les seuls acteurs que les deux films ont en commun interprètent des personnages complètement différents. Il faut également préciser que nous sommes ici dans un pur film HK, sans aucun apport quelconque de la Chine Continentale, ce qui signifie que The Brotherhood of Rebel n’a pas bénéficié d’un très gros budget. Mais qu’importe au final car un film de triades n’en demande pas tant et Terry Ng s’est parfaitement débrouillé. Sa mise en scène est énergique et bien qu’il semble répéter des recettes de l’ancien Hong Kong, il le fait bien et son film a de la gueule. La photographie est jolie, on prend un malin plaisir à retrouver ces ruelles coupe-gorge sombres de Hong Kong éclairées aux néons. Le montage est simple, efficace, faisant la part belle à la lisibilité lors des scènes d’action. Petit budget, oui, mais un produit fini qui a vraiment une belle tenue. The Brotherhood of Rebel, c’est donc un film qui réutilise de nombreux tropes de l’apogée des films sur les triades de Hong Kong. L’ensemble est parfois un peu caricatural, mais au final pas plus ni moins que ses « ancêtres ». Et donc nous sommes vraiment en plein dans le film de triades pur et dur, avec ces trois jeunes qui vont essayer de monter dans la hiérarchie, de se faire remarquer par leur boss. On va les suivre dans leur quotidien, entre bagarres, errances nocturnes dans des bars, petits boulots pas très recommandables, leur ascension, leurs erreurs de parcours, … Trois personnalités qui vont finir par prendre des chemins différents par la force des choses mais dont les destins vont rester liés. Dès la scène d’introduction assez impactante, le film nous met dans le bain et on aura bien entendu droit tout le long à de la baston à coups de queues de billards, de machettes, de battes de baseball, nous rappelant les bons souvenirs des films de triades de Hong Kong tels que A True Mob Story, Century of the Dragon, ou encore bien entendu la saga des Young and Dangerous.

The Brotherhood of Rebel est relativement violent (il est classifié Cat III), et bien qu’il ne tombe pas non plus dans le gore qui tâche, les règlements de compte à la machette sont sans pitié, assez percutants, bien qu’ils ne soient au final pas si nombreux car Terry Ng a la bonne idée de s’attarder sur ses personnages. Ils sont un peu clichés (le « grand frère » protecteur, le jeune tête brûlée, …) mais suffisamment caractérisés pour retenir l’attention 1h37 durant. C’est vraiment le lien entre ces trois protagonistes qui fait le gros du travail pendant 1h37, on voit que Terry Ng aime ses personnages et il fait tout pour les mettre en lumière. Le scénario va aborder les thèmes de l’amitié, la loyauté, la fraternité, la trahison, ou encore la rivalité comme pouvaient le faire des films comme Young and Dangerous. On a vraiment cette impression d’une envie de retour aux sources pour le réalisateur qui semble avoir grandi avec ces films-là. Certaines scènes sont émotionnellement fortes et c’est clairement grâce au talent du trio principal. On est content de retrouver des vieux routards comme Kenny Wong, Kent Cheng ou encore Melvin Wong, mais les « jeunes » acteurs comme Bosco Wong (Love in Time, G Storm), Carlos Chan (Bodies at Rest, White Storm 2) ou encore Louis Cheung (Breakout Brothers, Ip Man 3), qui ont fait leurs armes dans les années 2000/2010, sont assez bluffants de naturel, en particulier le dernier, très charismatique, arrivant parfois sans même parler à faire passer tout un tas d’émotions. Ils sont crédibles de bout en bout, l’alchimie entre les trois est palpable, et on se retrouve investi dans le destin de leurs personnages. Ajoutez à tout cela une musique parfois très rock collant parfaitement au genre et vous obtenez un film au scénario qui n’offre clairement rien de nouveau mais qui s’avère captivant du début à la fin et qui sait se montrer très divertissant.

The Brotherhood of Rebel est un solide retour en arrière qui rend hommage aux films de triades du cinéma de Hong Kong des années 80/90. L’ensemble n’est pas original, certes, mais fait preuve d’une réelle efficacité. Une jolie petite surprise !

Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-brotherhood-of-rebel-de-terry-ng-2023/

cherycok
7
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le 14 mars 2024

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