The Bunny Game
3.3
The Bunny Game

Film de Adam Rehmeier (2010)

Il aura fallu 3 ans pour que The Bunny Game bénéficie d’une sortie sur notre territoire (on peut remercier Elephant Films qui nous avait déjà sorti A Serbian Film dans les mêmes conditions car tous deux des films extrêmes et dérangeants). Après avoir fait longtemps la polémique sur la toile et choqué plus d’une personne. Le film a d’ailleurs été banni en Angleterre comme The Human Centipede 2 (Full Sequence) au passage.
À se demander si ce n’est pas finalement un prétexte promotionnel. On a déjà vu en France que, lorsqu’on interdit un film (Saw III, Baise-Moi, Martyrs) -18 ans ou -16 ans, le public est attiré involontairement. C’est le côté pervers, malsain de l’être humain. Il y a aussi la curiosité. Pourquoi, au fond, ces films ont marché après coup ? Je vous renvois à l’excellent « Darkness Fanzine 12 : Sexe, Cinéma, Censure » de Christophe Triollet pour en savoir plus à ce sujet.

Adam Rehmeier livre un film cru, viscéral et glauque, dans un parti pris assumé (alternance de gros plans épileptiques, noir et blanc esthétique et montage clipesque). On est à la fois choqué, retourné, mal à l’aise, dégouté. Mais aussi intrigué, captivé et finalement on reste accroché à suivre tant bien que mal le sort quasiment déjà joué de Bunny, une prostitué toxicomane. Réduite à errer dans les bas fonds et à échanger ses services contre un peu de substance.
On est loin, à ce sujet, du traitement de l’addiction comme dans Requiem For A Dream par exemple. Le film de Darren Aronofsky montrait une addiction poussée à l’extrême qui, en crescendo, anéantissait et condamnait ses personnages au cercle vicieux. La pauvre Bunny entre, elle, dans la routine des clients pervers venant assouvir leurs pires fantasmes. Elle n’a aucun recours, aucune échappatoire.
Et sa rencontre avec ce vieux routier ne va pas arranger les choses. Très vite, on comprend qu’on va avoir affaire au défoulement de ce dernier : tortures, sévices, humiliations…

Le film, tourné en 14 jours sans réel script, a laissé place à de l’improvisation et une grosse implication de ces deux acteurs. Dont Rodleen Getsic, actrice principale et co-auteur du projet, n’a pas hésité à donner de sa personne (on parle de séquences non simulées et de jeûne avant le tournage pour faire squelettique et épuisée). On peut souligner de ce fait qu’ils s’en sortent tous très bien. De son coté, elle montre comment le négatif peut détruire une personne. Et lui, brute, viril, imposant, s’impose en tortionnaire sadique sans jamais tomber dans l’excès.

Bien loin des tortures porn à la Hostel, le métrage est vendu d’ailleurs comme un film d’horreur par ses créateurs. Avec une quasi-absence de dialogues, laissant place comme fond sonore aux cris divers de Bunny, à rendre assourdissant. L’expérience devient troublante au point qu’on perd un peu son souffle. Un rythme effréné assez perturbant pour le spectateur, qui a envie de décrocher mais qui veut savoir son accomplissement.
Et c’est là où réside le problème, on a l’impression qu’on s’est fait avoir, car sans en révéler son final. La conclusion est frustrante puisqu’elle ne comporte aucun fond et ne donne aucun élément de réflexion.

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Auteur : Colin
LeBlogDuCinéma
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le 8 mars 2013

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