Petit film américain indépendant à la réputation plus que sulfureuse et totalement interdit d'exploitation en Angleterre, The Bunny Game est arrivé en France directement sur le marché de la vidéo.
Le film de Adam Rehmeier ne raconte pas grand chose puisque l'on suit une prostituée toxicomane qui comble de malchance se fait enlever par un routier psychopathe qui va l'humilier et la torturer pendant les trois quart du film.
Le moins que l'on puisse dire c'est que The Bunny Game me laisse franchement dubitatif, on est certes un peu plus loin que du simple torture porn gratuit et crapoteux, mais cela suffit il à faire de cet ovni un objet vraiment respectable ? The Bunny Game tient carrément du film expérimental à la limite du happening artistique, trash et branchouille et à mon sens pas tellement loin de la branlette intellectuelle appliquée au cinéma de genre. Impossible de nier le travail de mise en scène de Adam Rehmeier (même si de toute évidence il se regarde beaucoup filmer avec autosatisfaction) qui démontre son envie de créer une ambiance oppressante à grand coup de montage elliptique et hypnotisant et d'une bande son stressante (souvent dans tous les sens du mot).
Le noir et blanc est parfois très beau, certaines scènes sont vraiment éprouvantes à regarder et The Bunny Game parvient à capter une sorte d'attention morbide et malsaine; mais au bout du compte tout semble quand même assez vain et artificiel. On pourra toujours saluer (ou plaindre) la comédienne Rodlin Getsic ( également co productrice du film) qui s'impose ici d'être filmée en gros plan lors d'une scène de fellation carrément pornographique ou de se faire réellement marquée au fer rouge pour le soit disant besoin du film. La comédienne et scénariste semble vouloir exorciser ici une propre expérience traumatisante d'enlèvement en prenant à son tour en otage les spectateurs. La prochaine fois à défaut de faire un film je ne saurais trop lui conseiller plutôt d'aller voir un psy.
The Bunny Game laisse finalement la pire des sensations pour un film calibré à ce point pour choquer, il laisse poliment indifférent.