Calamari wrestler arbore fièrement un calamar catcheur comme le veut l'habitué du genre Minoru Kawasaki, responsable depuis d'un homard gardien de but (Kani Goalkeeper), d'un koala salary man (Executive Koala) et d'un scarabée justicier (Kabuto-O Beetle), un amoureux des animaux donc qui sait très bien qu'une affiche avec un gros animal en latex fait toujours son petit effet.
Hormis le calamar et ses deux adversaires du jour, en l'occurrence une pieuvre et une écrevisse boxeuse, Calamari Wrestler n'est à vrai dire qu'une romance sportive comme on nous en sert par camions au Japon et ailleurs. Il a suffit à Kawasaki de reprendre la trame de Rocky et de tout refaire avec un calamar, la pieuvre jouant Apollo, et l'écrevisse se la jouant Russkov destructeur, avec une petite dose de sagesse martiale vite tartinée histoire de.
Il y a certes une petite fraîcheur à l'ensemble grâce à cette idée que les 2, 3 catcheurs fruits de mer en costumes Bioman sont parfaitement intégrés à la société et que personne ne s'en étonne, d'où une flopée de scènes du quotidien et de scénettes romantico kitchounettes tout ce qu'il y a de plus classique si l'on omet le fait que la jolie dulcinée parle à un costume d'1m de large flanqué de tentacules "baudruches" et d'une paire d'yeux tournicotant comme ceux d'une poupée modèle géant. Il faut ajouter une réalisation pas prétentieuse pour un sou qui fait son petit bonhomme de chemin tout tranquillement, mais avec des moyens dérisoires et un brin d'action plus que secondaire plutôt mal mise en scène et foutraque.
Bien joué le choix du catch (malin le Kawasaki), on peut faire n'importe quoi, ça reste aussi rigolo qu'un combat en costumes de sumos où on se jette l'un sur l'autre avec une liberté de mouvement quasi nulle. Les animaux passent donc pour des catcheurs déguisés dans la grande tradition WWF "Godzillesque" avec un panache nettement plus amateur, ce qui appuie la relative normalité du concept.
Nos héros qui sont en fait à l'origine des combattants humains, très au fait de la technique vidéo-ludique bien connue qui permet de rester sous forme animale pour sembler plus balèze, pédalent eux aussi sans prétention au milieu de cette petite histoire de Rocky crustacé avec quelques moments sympathiques dont une gentille poignée d'attentes et de décalages humoristiques et absurdes typiquement Miikéens dans l'âme pour un ensemble somme toute anecdotique malgré toutes les étiquettes cultes qu'on veut lui coller.
Personnellement, j'ai cru d'abord y voir une sorte de Tongan Ninja japonais, une parodie volontaire, faiblarde et insipide, puis la petite fraîcheur indéniable a su me faire rester jusqu'au bout, en particulier parce que le premier degré assumé apporte finalement des scènes plus drôles que si l'ensemble se voulait outrageusement débile jusqu'à prendre son auditoire lui aussi pour un débile, comme dans l'horrible Tongan Ninja.