Le dernier espoir d'une rédemption

Après sa sortie de prison, William Tell expie ses fautes. Jour après jour il se rend dans les salles de jeux, comptant les cartes au Black Jack ou au Poker, sans s'intéresser à rien d'autre. Il fut l'un des soldats ayant sévi dans les centres de détention américains, où il a été formé à torturer les prisonniers, des hommes ayant quelque chose à avouer ou pas. Il va croiser un jeune homme, fils d'un de ses anciens collègues qui lui s'est suicidé. La rédemption par les cartes, voilà dans quoi s'enfonce ce William Tell, qui ne dort plus que dans des chambres d'hôtel épurées par des draps blancs, qui se refuse aux femmes, et qui a décidé de ne plus vivre que de casino en casino, sans attache ni affection...Quand il rencontre Cirk avec un C, puis La Linda, il comprend que la rédemption est peut-être possible. En remettant Cirk dans le droit chemin, en lui payant ses dettes, et surtout en lui faisant oublier ses obsessions de vengeance contre l'instructeur qui a poussé son père au suicide. Paul Schrader, scénariste de Taxi Driver devenu réalisateur, avait déjà réussi son dernier film en 2017, Sur le chemin de la rédemption, qui était déjà sur le même thème. Commençant son histoire en nous immisçant dans les pensées d'un joueur de casino sorti de prison, le film dévie peu à peu. Par l'arrivée de Cirk, le passé du joueur nous est révélé par des flashbacks monstrueux, dans des travelling saisissants révélant la pire bestialité à laquelle peut avoir recours l'homme. Les scènes de casino sont passionnantes, efficaces, parfaitement mises en valeur par le charisme d'Oscar Isaac, et les scènes avec La Linda apportent beaucoup de chaleur et d'espoir à la rédemption. Mais le sacrifice de ce Guillaume Tell est profond, et l'expiation est ici parfaitement mise en scène. Le film n'est donc pas toujours aimable, loin d'être tout public, et le final, si inéluctable, semble la parfaite issue d'une âme sans paix possible mais ayant tout tenté pour se racheter. Une réussite d'auteur.