Semblant parfois sortir d'un autre temps, ce film noir lent et plat dévoile néanmoins quelques fulgu

En voilà une œuvre particulière! Mais conforme à la filmographie d’un auteur à part dans le cinéma indépendant américain. Révélé dans les années 70 avec le culte « American Gigolo », il a ensuite enchaîné des productions dispensables entre films pointus méconnus (le malaimé « The Canyons », pourtant intéressant), des séries B de seconde zone (« La Sentinelle » avec Nicolas Cage) et petites pépites comme « Affliction » ou « Sur le chemin de la rédemption ». Alors où se situe ce « The Card Counter »? Bien difficile de le dire tant ce film semble hors du temps et difficile à appréhender. Entre le film d’auteur et la série B, de ses sujets en passant par l’ambiance et le traitement, c’est un long-métrage qui fait vraiment le grand écart et déstabilise. Mais pas forcément dans le bon sens du terme.


En effet, pendant toute la durée du film, on se demande où il va nous emmener et ce qu’il veut nous dire. On lie ici deux sujets aux antipodes l’un de l’autre : en l’occurrence, les méthodes de torture dans les prisons fédérales américaines et les tournois de poker dans les casinos...! Un script quelque peu étrange donc, mais qui en vaut finalement n’importe quel autre. Cependant, « The Card Counter » développe son intrigue originale de manière plate et lente. Le film apparaît comme sous perfusion, on attend qu’il démarre. Ce qui n’arrivera finalement jamais. Alors on se rattrape avec la prestation impeccable d’Oscar Isaac qui tient cette œuvre sur ses épaules. Et à quelques moments en apesanteur comme ceux, magiques, enveloppées dans la musique envoûtante de Robert Levon Beem. A ce titre la balade nocturne et amoureuse au sein des illuminations est magnifique.


Mais c’est bien peu pour maintenir notre intérêt durant près de deux heures avec un film quelque peu amorphe où surnage parfois quelques jolis plans. Mais que ce soit sur le versant du thriller, sans aucun suspense, ou du drame, où l’émotion ne nous étreint jamais, c’est l’encéphalogramme plat. De plus, la relation entre le personnage principal est l’adolescent qu’il prend sous son aile est si peu développée qu’on a du mal à y croire. Quant au final, c’est l’exemple type du non-événement car on ne voit rien, Shrader préférant un hors-champ incompréhensible. Bref, un film très particulier, à l’ambiance intemporelle entre nostalgie et atmosphère dépressive, qui laisse profondément dubitatif et ne convainc pas.


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JorikVesperhaven
5

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le 3 déc. 2021

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Rémy Fiers

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