Espace fermés et lignes de fuites, entre road movie et huis-clos.

A la croisée entre le road-movie désespéré et le huis-clos suffoquant se trouve The Chaser.
Je m'étais interdit l'écriture d'une critique à chaud, trop retourné par le film pour être un tantinet impartial.
Me restait en mémoire la violence du titre, son humour acide et oblique, même dans les moments les plus sombres du film, la nonchalance désabusée du personnage principal, Jung-ho, un ancien flic devenu proxénète, son coté abruti et egocentrique contrebalancé par une humanité touchante, la classe insolente de la gamine, la force de caractère de la mère, mais le tout se fragmentait au fur et à mesure.
Et aujourd'hui, je l'ai revu.
Et j'avais oublié à quel point l'ensemble était poignant, émouvant aux larmes, d'une force sans appel qu'on ne retrouve que dans une poignée de films privilégiés.
Petit résumé succin : Jung-ho a des problèmes, plusieurs de ses filles ont disparu et il suspecte soit une fuite des filles, ce qui marquerait un gros manque de respect et serait désastreux pour son image et son business, soit que quelqu'un les revend. Une piste se profile, le numéro du dernier client de la dernière disparue.
Dès le premier quart, on comprend qu'on est ailleurs, dans un film qui va réussir à troubler, à tromper nos habitudes, nous enfermer dans ce dédale, ce labyrinthe composé de cul-de-sacs et de lignes de fuites, dans une temporalité élastique augmentant ce sentiment d'enfermement, de piétinement.
Magistralement filmé, soutenu par des acteurs qui font bien plus que simplement tenir la route (encore une fois, le haut de l'affiche est tout bonnement irréprochable, et les seconds rôles ne sont pas en reste).
L"humour pince-sans-rire continu, souvent tenant à de petits détails, une remarque de la gamine, une situation, un nom affiché sur un portable, rend le tout d'autant plus vivant et prenant, et augmente la densité du drame, sa force brute.
Il est difficile d'en parler plus sans spoiler.
S'il devait y avoir un seul point négatif, ce serait le rôle de la tabatière, petit rôle, mais la seule à en faire trop, et à rompre cet équilibre fragile dans la démesure parfois surréaliste, et pourtant toujours ancrées les deux pieds sur terre.
Pas de temps mort, rien à jeter (à part la tabatière), et une claque cinématographique authentique.

Ce film mérite 8. Peut-être 9. Mais comme je note en fonction de mon ressenti, et que les films qui me touchent autant se font de plus en plus rares, c'est de bon coeur que je mets la note maximale.
toma_uberwenig
9
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le 29 juil. 2012

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le 29 juil. 2012

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toma Uberwenig

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