Et on retourne à la Ghost Kung Fu Comedy, un de mes sous genres préférés du cinéma de Hong Kong que je commence mine de rien à avoir bien poncé dans tous les sens. Alors il m’en manque encore une poignée, certains étant aujourd’hui difficilement trouvables, même avec des moyens pas très légaux. Mais petit à petit, certains réapparaissent, souvent avec une qualité d’image douteuse. Mais qu’importe, certains font le full set des jeux d’une console, moi je tente le full set des films d’un sous-genre. Chacun son trip. Alors aujourd’hui, on va s’intéresser à The Chinese Ghostbuster qui arrive sur le tard puisqu’en 1994, le genre est en toute fin de course (pour ne pas dire déjà enterré). Le film est un échec au box-office, n’arrivant même pas à engendrer 1M$HK de recettes. Alors clairement, nous ne sommes pas devant un chef d’œuvre du genre, loin de là même, et The Chinese Ghostbuster est plombé par pas mal de choses. Néanmoins, il arrive malgré tout à proposer un divertissement correct et c’est déjà pas mal.


Réalisé par Wu Ma qui interprète également un des rôles principaux du film, The Chinese Ghostbuster est une énième variation de la thématique popularisée par Histoire de Fantômes Chinois où un humain tombe amoureux d’un fantôme et qui va chercher à la retrouver. Ce coup-ci, c’est le fantôme qui tombe amoureux d’un humain et qui va venir dans le monde des vivants pour partir à sa recherche et lui demander sa main. Le film va alterner scènes d’action, romance, quelques gags et même une scène érotique (où on ne voit strictement rien, ce n’est pas un CatIII). Les scènes de combat sont plutôt inspirées, avec des angles de caméra intéressants et des chorégraphies plus que sympathiques, assez aériennes. Rien de transcendant non plus, on a vu mieux dans le genre, mais ils sont nerveux, rapides, lisibles, relativement longs, et ça fait le job sans souci à ce niveau-là. The Chinese Ghostbuster se permet même une utilisation originale de certains objets du quotidien tels qu’un aspirateur, un éventail, des ampoules et même un pinceau. La magie y est malheureusement au final peu présente, bien que quelques rituels soient montrés, mais certaines scènes sont totalement improbables, comme ce moment où, pendant un combat, le grand méchant, en équilibre sur une batterie (l’instrument de musique), se met à tambouriner avec les pieds tout en esquivant les coups. Personne n’y aurait pensé mais Wu Ma l’a fait ! Lam Ching-Ying reprend son rôle de Fat-Si au costume jaune pour la dernière fois puisqu’il s’agit ici de son avant dernier film (le dernier, The Green Hornet, est dans un genre différent) avant sa disparition en 1997 d’un cancer. L’acteur est malgré tout très en retrait, n’apparaissant réellement qu’au début et dans le dernier acte. Possiblement fatigué par son cancer, il est même la plupart du temps doublé lorsqu’il se bat, même pour des mouvements simples.


Le casting semble un peu s’en foutre et les acteurs ne semblent pas réellement intéressés par ce qu’ils font la plupart du temps. Même Lam Ching-Ying n’est pas à ce qu’il fait (ce qui pourrait s’expliquer, voir plus haut) et seul Wu Ma donne une performance énergique (c’est son film en même temps), se promenant avec une fausse barbe et en faisant l’idiot. Il faut dire qu’il est sans cesse affublé de tenues vestimentaires improbables qui accentuent le côté loufoque du personnage. Celui de Mark Cheng, héros du film, n’est pas très bien écrit. Ça couplé au fait qu’il ne semble pas très à fond, plombe pas mal de scènes dans lesquelles il se trouve. C’est vrai qu’en dehors des scènes d’action, l’ensemble est un peu longuet. Les aventures dans le monde des vivants de cette fantôme, de son père et de leur nain de combat (oui oui, et il ressemble à Eric Tsang, déjà pas bien grand, version miniature) ne sont guère palpitantes. Ça manque clairement parfois de vigueur et de tenue. The Chinese Ghostbuster, c’est aussi un festival de filtres de toutes les couleurs (jugez par vous-même avec les captures d’écran) permettant de régler sa télévision sans souci, ce qui donne au film un look particulier et pas désagréable au final, avec parfois cette sensation d’être dans un monde éthéré. Mais passer d’une image quasi entièrement rouge, à une quasi entièrement verte, puis bleu, puis jaune, rouge de nouveau, bleu de nouveau, … ça pourrait faire pleurer les gens aux yeux sensibles. Par contre, ça donne à The Chinese Ghostbuster un look disco assez inimitable, comme s’il était sans cesse sous une boule à facette qui tournait à chaque changement de plan. Mais certaines scènes sont vraiment très jolies (la bibliothèque au néon vert), flirtant parfois avec l’onirisme.


Avec un titre pareil, on aurait pu s’attendre à un rip-of du Ghostbuster ou de sa suite mais il n’en est rien. The Chinese Ghostbuster est une ghost kung fu comedy matinée de romance pas exceptionnelle, mais néanmoins regardable.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-chinese-ghostbuster-de-wu-ma-1994/

cherycok
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le 26 juin 2023

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