The Class
6.9
The Class

Film de Ilmar Raag (2007)

"Klass". Le sens du titre n'est pas difficile à trouver. On a affaire à un film qui se déroule pour la plupart à l'école, en classe, avec les élèves en tant que protagonistes. Parmi eux, il y a deux camps: celui du bouc émissaire et celui du reste des élèves, bande menée par l'inévitable leader. Noir ou blanc, aucune nuance de gris: il faut choisir son côté. Et donc, personne ne proteste quand Joosep se fait tourmenter. Mais la dynamique bascule quand Kaspar protège involontairement le "nerd" et met en cause l'autorité d'Anders, le chef du troupeau. Kaspar se retrouve dans le camp des victimes et décide de soutenir Joosep. En quelques jours, la violence et les moqueries escalent jusqu'à dépasser les bornes, un soir sur la plage. Kaspar et Joosep mettent leur plan en action: ils vont descendre leurs tourmenteurs.

L'histoire en elle-même n'a pas grand chose d'original: on a déjà vu Elephant de Gus Van Sant, par exemple. Pourtant, si le point de départ est le même, ce film ne s'en distingue pas moins. Déjà, par son origine particulière: un détail qui attise la curiosité vu le peu qu'on connaît du cinéma estonien (et par extension, balte: si quelqu'un a des suggestions de films je suis preneuse). Puis, par sa sensibilité: Ilmar Raag joue la carte de l'empathie, et ça marche. On n'a aucun mal à détester Anders, à avoir pitié de Kaspar ou à espérer que Joosep se rebelle. Ou d'avoir un mélange de pitié et d'impuissance en voyant Joosep se faire tabasser. Aucun mal non plus à traiter Théa de tarte crédule, ou d'halluciner quand tout le monde participe-activement ou non- au spectacle.

Le récit est entrecoupé par des intermèdes qui marquent les journées, des espèces de flashes où l'on assiste à la vie scolaire: les enfants qui jouent, mais aussi des enfants frappés par leurs camarades. Ces scènes sont brèves mais intenses, enchaînant rapidement les images avec de la musique agressive comme accompagnement sonore. D'accord, Raag a voulu marquer le contraste. Mais c'est un contraste qui m'a gênée, le rythme du film étant cassé brutalement à chaque fois. Enfin, cela ne suffit pas à miner l'ambiance du film qui revient rapidement de par la sordidité des lieux (l'école aux murs gris et dénuée de vie, la pluie); la mine jaunâtre un peu dégueu du film; la caméra mobile, les champs tremblotants. Le visuel suit l'action qui nous est montrée à l'écran, amplifiant encore la tension palpable qui culmine vers la fin. Ah, la fin. Dix minutes après l'avoir vue, j'en tremblais encore.
Bluebells
8
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le 4 sept. 2011

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