Imaginez que vous venez de voir deux épisodes de "Black Mirror" quasiment parfaits et que le troisième qui suit n'est hélas pas à la hauteur, celui-ci aura beau avoir pas mal de qualités, rien n'y fera, au final, vous ne retiendrez que les deux premiers.
C'est exactement le même cas de figure qui se présente avec ce "Cloverfield Paradox", un troisième volet mineur d'une saga qui nous avait habitué jusqu'alors à l'excellence...
En orbite autour de la Terre, une équipe internationale d'astronautes galère méchamment à mettre en route un accélérateur de particules censé combler le manque énergétique d'une Terre au bord de la guerre mondiale. Alors qu'une énième tentative semble enfin porter ses fruits, un accident aux conséquences inattendues se produit...
Évidemment, on n'en dira pas plus, le mystère entourant la saga "Cloverfield" est un de ses plus précieux atouts comme en témoigne cette sortie totalement inattendue sur Netflix juste après la présentation de son premier teaser.
Sachez juste qu'en soi, "The Cloverfield Paradox" est loin d'être un mauvais film. Malgré une construction de film spatial trop stéréotypé dans le sens où on devine presque par avance dans quel ordre les personnages vont tomber un à un à la vue de leurs développements respectifs (mais on pouvait faire le même reproche à "Life" par exemple), la menace qui pèse sur eux ouvre la voie à pas mal de situations originales et variées (le passage du bras, génialement hilarant, avec les répliques qui vont avec ou le problème de l'oeil débouchant sur une conclusion ragoutante), si bien que le flot de rebondissements tapant souvent dans la réference cinématographique (au hasard : "Event Horizon", "Alien-La Résurrection" ou "Evil Dead") qu'elle induit se laisse plutôt agréablement suivre.
Même la partie émotionnelle rattachée à l'héroïne qui n'est pas des plus follement surprenantes se retrouve transcendée par l'interprétation touchante de Gugu Mbatha-Raw -ce qui sera un peu le cas pour tous les acteurs (de Daniel Brühl à Zhang Ziyi) parvenant à faire vivre leurs personnages, insignifiants ou non, malgré la richesse des événements.
Là où le film échoue véritablement, c'est sur sa tentative désespérée de se raccrocher au premier film de la franchise. On veut bien passer sur le fait que trop d'éléments semble contenir grossièrement "Cloverfield" dans leurs noms (la petite vidéo avec Donald Logue expliquant le paradoxe Cloverfield semble sortir de nulle part) ou encore sur un petit clin d'oeil à "10 Cloverfield Lane" avec un certain lieu mais la partie sur Terre paraît, elle, n'être là que pour raccrocher les wagons de manière simpliste voire incohérente. En effet, d'abord, rien dans le premier "Cloverfield" ne laissait présager un tel contexte de monde au bord du gouffre (et puis on était bel et bien en 2008, technologiquement parlant, c'est compliqué). De plus, on ne voit pas vraiment ce que laisse suggérer le film sur la corrélation entre la provenance d'une certaine créature gigantesque désormais bien connue et l'incident à bord de la station spatiale. Enfin, le plan final trèèèès attendu n'est qu'une solution de facilité de plus pour conclure le film en miroir du reste de la franchise.
Sur certains de ces points, des précisions ont depuis été apportées en commentaires
"The Cloverfield Paradox" est donc un petit film de SF avec de réelles qualités à revendre mais son plus gros problème est sans doute de se situer dans la franchise haut de gamme "Cloverfield" et de vouloir à tout prix le souligner au moindre prétexte. Dommage car s'il s'était concentré uniquement sur son aventure spatiale en développant mieux son propos et ses personnages, on aurait pu tenir là quelque chose de bien plus grand...