Il y a systématiquement quelque chose qui coince chez moi devant un film de Kim Ki-Duk, c'est en train de se transformer en règle générale. Je n'en suis qu'au tiers de sa filmographie mais l'ensemble des films que j'ai vus est très homogène en termes de réception — et de rejet. Toujours aussi bourrin dans sa démarche artistique, dans son message, dans sa direction d'acteur, dans sa mise en scène. Toujours aussi grossier dans sa volonté louable de faire du cinéma autrement, en marge des sentiers battus. Comme si faire différemment était un gage de qualité... Kim reprend à l'occasion de "The Coast Guard" une thématique très proche de celle étudiée par Park Chan-Wook deux ans plus tôt dans "JSA", à savoir la frontière entre les deux Corées. Mais là où Park en faisait un thriller sur fond de drame, Kim patauge dans la semoule d'un film à thèse très lourde, en se focalisant sur une petite base militaire frontalière et en montrant les soldats à l'œuvre comme des personnes contraintes à une corvée plus qu'à une mission d'importance supérieure. Pour ce faire, il prendra ses sabots taille 70 et dépeindra le personnage du soldat Kang avec toute l'absence de subtilité qu'on peut imaginer pour en faire un obsessionnel de première catégorie, obnubilé par la tâche d'abattre un espion nord-coréen. Et tout est dit : ce ne sera qu'un portrait ultra caricatural d'un soldat brutal et obtus, qui dézinguera un civil en pensant qu'il s'agit d'un ennemi en train de forniquer (il vide un chargeur entier de mitrailleuse avant de balancer une grenade tant qu'à faire), suite à quoi la fille impliquée deviendra complètement barjot, histoire d'alourdir le tableau des excès pitoyables. L'intention est bien entendu louable, évidemment la sur-militarisation de la zone est néfaste et il vaudrait mieux qu'il n'y ait pas de barrière, mais le clou est enfoncé avec une telle lourdeur que le message devient inaudible.