Une claque !
C'est du Guy Ritchie ce missile ? Grosse, mais vraiment grosse claque imprévue car je n'en avais pas entendu parlé. Ici, la musique est le coeur du film dans le sens propre du terme. Comme elle le...
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le 17 mai 2023
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« Refuser de prendre équivaut à déclarer la guerre; c’est refuser l’alliance et la communion » [Mauss, Essai sur le don (1968), p. 163]
The Covenant est le dernier film en date de Guy Richie, ce fameux réalisateur britannique aux films grand-public "brut de décoffrage". Cette fois-ci, Ritchie fait le choix de placer son spectateur non pas du côté des malfrats ou des voleurs comme dans le très bon (mais surcoté) Snatch, ou plus récemment, dans Gentlemen, mais bien du côté "des bons" : les forces armées américaines.
synopsis : Lorsque son unité est attaquée par des combattants talibans au cours de la recherche d'un dépôt de munitions, le sergent de l'US Army, John Kinley est gravement blessé. Les talibans à leurs trousses, l'interprète afghan Ahmed risque sa propre vie pour le transporter, en terrain hostile, afin de le sauver. Le voyage des deux hommes ne fait que commencer.
Le film est diffusé sur Amazon prime et jouit d'un casting haut en couleur avec des acteurs du moment, comme l'incroyable Anthony Starr (The Boys) ou encore Alexander Ludwig (Vikings). Néanmoins, le réalisateur nous fait très vite comprendre que ce n'est pas autour de leur personnage que vont orbiter les péripéties du long-métrage, car ils ne sont pas là, sur le terrain, on ne les voit jamais. Non, les enjeux du film reposent surtout sur le sergent de l'US army joué par Jake Gyllenhaal accompagné de son interprète, joué par Dar Salim. Et c'est cette relation, à priori sans importance, qui va donner tout l'intérêt au film de Guy Ritchie.
Si de prime abord, The Covenant est un simple film de guerre comme il en est passé des milliers au cours de l'histoire du cinéma, ce dernier semble se distinguer très rapidement de ce genre-ci.
Oui, il y'a des séquences de batailles au fusil sur terre et dans les airs, oui y'a des séquences de courses poursuites et des séquences d'infiltration, oui y'a les "gentils américains" qui se battent contre les "méchants talibans" ...
Mais contre toute attente, il n'est à aucun moment question dans ce film de guerre. Ce n'est pas du tout le propos. Il est plutôt question de sauvetage, de réciprocité, de reconnaissance et surtout d'humanité. Assez étrange pour un récit de guerre de parler de tout cela non ? ça devient intéressant là, continuons ...
Le film est composé de deux parties bien distinctes, et fait en quelque sorte office de double sauvetage. La première moitié du long-métrage se focalise sur le sauvetage du sergent par l'interprète, et la deuxième se focalise sur le sauvetage de l'interprète par son sergent. Les deux parties sont absolument symétriques : on part du conflit pour retourner vers la base militaire dans la première, on part de la base militaire pour aller vers le conflit dans la deuxième. Simple, concis, efficace.
Après la première moitié du film, le sergent sauvé par son interprète se sent redevable à l'égard de celui-ci, ça le démange, ça le terrasse jusque dans son sommeil. Les cauchemars faits à son retour ne sont pas provoqués par l'horreur de la guerre mais bien par cette incertitude, celle de ne pas pouvoir rendre la pareille, un jour, à son sauveur.
Le film est profondément tourné vers l'humain simplement parce qu'il se base, sans doute sans le vouloir, sur le principe du don-contre don, fait social régissant les échanges, et notre société de manière générale, théorisé par l'anthropologue Marcel Mauss dans Essai du don. Cette pratique, observée notamment chez les sociétés dites "primitives", consiste en la simple formule : "Je donne, je reçois, je rends". Qu'est-ce qu'on donne en réalité à travers le don contre-don ? Des objets ? Oui mais pas seulement. On peut aussi et surtout donner de nous. C'est selon Mauss le principe même de l'humanité.
En prenant le risque de retourner en Afghanistan, le sergent donne sa vie pour sauver l'interprète. Il prend le risque de tout perdre pour ce simple principe de réciprocité.
Et la relation entre les deux hommes sonne relativement juste, elle n'a pas eu besoin d'être plus développée que ça. Certes d'un côté, il s'agit d'une relation amicale entre deux hommes militaires tout ce qu'il y a de plus stéréotypée, mais d'un autre côté, elle échappe à la convention, tout simplement parce qu'il n'y a pas de longs discours à rallonge entre les deux, ni de sentimentalisme facile. Quasiment tous les enjeux entre les personnages se font jour par un simple jeu de regards et de gestes qui marche assez bien, et cela jusque dans la dernière scène du film.
Il n'est pas question dans The Covenant, d'inhumanité de la guerre (Full Metal Jacket), d'envolé lyrique (La ligne rouge) ou de récit teinté d'héroisme (Il faut sauver le soldat ryan), mais de notion de redevance, de don de soi et de reconnaissance à l'égard d'autrui.
Créée
le 2 févr. 2024
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