Mon oncle
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Amanda est le second long-métrage du réalisateur contemporain Mikhael Hers, dont la courte filmographie témoigne déjà d'un cinéma prometteur, hautement qualitatif.
Ce film pourrait faire office de synthèse du cinéma du réalisateur tant les thèmes et éléments récurrents présents dans les autres longs-métrages de Hers sont prépondérants, ici, dans Amanda.
Si le film semble nous raconter l'histoire d'un "grand enfant" se retrouvant à devoir s'occuper d'un autre enfant, sa nièce, c'est en réalité un récit sur l'émotion humaine qui nous est présenté ici. Ce qui m'a profondément touché à travers Amanda, c'est la manière de traiter les émotions, de les faire se manifester à l'écran. Cette manière de montrer une émotion, c'est tellement doux, tellement subtile, fait avec une grande justesse, et la plus grande des délicatesses.
Alors que le film, à l'image de la filmographie du réalisateur, traite des sujets difficiles comme le deuil (Ce Sentiment de l'été), le manque (Les Passagers de la nuit) ou encore la dépression (Memory Lane), ce dernier ne semble jamais côtoyer le "pathos", car le pessimisme n'a pas sa place dans l'œuvre de Mikhael Hers. Certes, le long-métrage aborde la question de la mort, mais il semble toujours tourné vers l'espoir, la consolation, et le réconfort. Le réalisateur a lui-même une phrase un peu passe-partout qu'il déclare à chaque entretien, et qui vient faire synthèse de son projet cinématographique :
"je ne veux pas que mes films soient exempts d'âpreté, mais c'est vrai que ça intervient de manière plus souterraine [...] Moi des films qui m'ont aidé, ce sont ceux qui ont réussi à faire passer la violence du monde et à la rendre supportable" (Entretien France Inter 2022 - disponible sur Youtube).
La mort dans le cinéma de Mikhael Hers est à la fois omniprésente et absente car généralement non montrée à l'écran. A aucun moment du film, nous verrons à l'écran l'assassinat de Sandrine, la sœur de David. Tout comme, nous ne verrons pas littéralement le décès subite de Sacha, la compagne de Lawrence, le protagoniste de Ce Sentiment de l'été.
De la même manière, rarement les duo ou groupes de personnages laissent aller leurs émotions ensemble. Car chez Hers, on ne pleure que très rarement à deux à l'écran. Il y a toujours un personnage réconfortant qui vient à la rencontre de celui qui est en proie à ses émotions, afin de le consoler, afin d'empêcher le pathos de la scène. Je pense notamment à la séquence du stade, dans laquelle David fond en larmes devant son ami Axel. Voyant son ami pleurer, Axel décide de le réconforter par des accolades et des paroles douces et amicales permettant à David d'aller mieux et de se reprendre en mains à la fin de la séquence. C'est en cela que c'est un cinéma foncièrement humaniste, tourné vers l'espoir et qui s'oppose à tout sentimentalisme facile.
Non Amanda n'est pas un film sur la parentalité, pas plus qu'il n'est un film sur la mort. C'est un film qui se demande comment se reconstruire face au traumatisme, comment vivre sa vie après avoir vu et vécu l'horreur.
Il n'y a pas vraiment de réponse concrète, mais le réalisateur nous donne quelques pistes. Le temps ? peut être. Mais ce qui semble surtout permettre aux personnages d'Amanda d'aller mieux, c'est le contact avec autrui, posons plus clairement le terme, c'est l'art de la tendresse. Une tendresse mutuelle qui passe par des petits gestes tendres, des paroles douces et amicales, ou encore des regards attendrissants.
Amanda est une véritable fable humaniste, épopée douce-amère dont les émotions et la tendresse émanant des personnages apparaissent comme une grande force permettant d'avancer dans le traumatisme vers la reconstruction : la transformation de la détresse de l'être en proie au traumatisme en tendresse.
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le 13 déc. 2023
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