Ce sentiment du deuil. Le sujet avait déjà été traité par Mikhaël Hers mais dans Amanda, il l'aborde de façon plus frontale, émotionnellement parlant. Tout en gardant cette délicatesse et cette subtilité qui en font un cinéaste rare qui ne va jamais au plus "facile". Ainsi, il ne filme pas la violence en action dans Amanda pas plus qu'une scène aussi évidente que celle de l'enterrement. Ce qui l'intéresse c'est la vie qui se poursuit et la façon dont la douleur se maîtrise, seul(e) ou en partage. Ce qui frappe aussi dans le troisième long-métrage de Hers, c'est la manière amoureuse qu'il a de montrer Paris, une ville qui semble avoir perdu son innocence et sa légèreté après les attentats. Les lieux ont beaucoup d'importance pour le cinéaste, les parcs, en particulier, comme une respiration dans un film où la caméra est souvent très proche des visages des comédiens, au plus près de leur intimité. Avec une mise en scène qui est aussi brillante et pudique que dans Ce sentiment de l'été : radieuse, élégante, fluide, résiliente, en quelque sorte, avant et après la tragédie. Mais ce qui est nouveau dans Amanda, par rapport aux précédents films de Mikhaël Hers, c'est bien cette envie de susciter l'émotion de façon plus nette, sans faux semblants : on verse des larmes dans le film, comme devant l'écran et ce n'est jamais du sentimentalisme forcé mais bien la résultante d'une sensibilité pure. Il y a également ce sentiment étrange et étonnant d'être à la fois à distance et au coeur du chagrin des personnages principaux du film. Et en empathie total avec des acteurs dirigés de main de maître par le cinéaste. Vincent Lacoste prouve cette fois encore qu'il peut tout jouer, avec cette fausse nonchalance qui le caractérise, et sa connivence avec l'extraordinaire fillette qui lui fait face, Isaure Multrier, est pour beaucoup dans la réussite d'Amanda, l'un des plus beaux films de cette année, haut la main.