Mikhaël Hers has left the building

J’ai rattrapé Amanda, malgré un a priori négatif qui aurait dû m’en détourner. Le film correspond à l’idée que je m’en faisais, c’est à dire un banal récit de deuil, soit à peu près rien. J’ai arrêté de croire au film au moment où j’ai vu Lacoste faire des travaux d’élagage, suivi d’une balade avec sa copine, une canette de 1664 à la main, où il lui dit qu’il « a fait un chantier de peinture » que c’est à cette occasion qu’il a rencontré son actuel patron. Bref, du grand n’importe quoi. Lacoste n’est évidemment pas en cause, il fait ce qu’il peut avec ce qu’on lui a écrit, donc pas grand-chose. J’ai été quand même impressionné par le niveau de néant produit par cette oeuvre. Ca m’a frappé avec la musique. Tout d’abord parce qu’elle est une béquille à la mise en scène, tant cette dernière est incapable de susciter de l'émotion sans elle. Elle est donc très présente. Mais il se trouve aussi qu’il s’agit d’une composition originale d’un compositeur américain. ça plus Vincent Lacoste, Jonathan Cohen (que j’ai trouvé très bien), pas mal de scènes en extérieur, dont quelques unes à Londres, le film bénéficie assurément de moyens pour un film d’auteur. C’est pas fauché, tourné à l’arrache. Ca sent l’avance sur recettes tout ça. Mais qu’ont pu voir dans ce projet les financeurs, le CNC? Alors oui, c’est une question naïve : on sait que les scénarios de deuil sont les plus goûtés en ces temps troublés. Ce sont en effet des fictions paradigmatiques pour toutes les humeurs de l’époque : vous avez la tragédie personnelle à laquelle tout le monde s’identifie par delà les classes sociales, la mort étant un bon niveleur ; tragédie qui mène à un chemin de résilience et de guérison parcouru par le héros, vous avez là la fiction individualistatrice et psychanalytique permettant toujours plus d’identification ; chemin qui se caractérisera par un pétage de plombs, des larmes produisant de l’intensité dramatique à peu de frais (le héros fait semblant de tenir, fait la vaisselle et puis sans crier gare se met à pleurer) ; tout ça baigné dans la plus douce mélancolie, état affectif préféré du XXIème siècle. Si on ajoute à ça le Mal contemporain à l’état pur, le terrorisme, le financement d’une oeuvre aussi creuse ne fait plus de mystère. Alors même que rien ne sera dit sur le terrorisme (ce n’est même pas un fil narratif du film, on ne sait pas ce que deviennent les terroristes). Et qu’aucune complexité dans la « reconstruction » des personnages ne verra le jour. J’admets avoir un peu espéré sur ce versant-ci quand je constatais que la petite Amanda tenait quand même bien le coup pour une gamine de 7 ans qui vient de perdre sa mère. Je me suis dit qu’on allait peut-être creusé dans cette direction. Que nenni. Cette « résilience » sera simplement commentée, sur un mode admiratif, par Lacoste qui dira qu' "elle est très forte », plus que lui. Ce n’était qu’une énième preuve de la paresse scénaristique entourant le film. Donc non, raté aussi ce coup-là. Il s’agit donc ni plus ni moins que d’une fiction doudou qu’on pourrait regarder les dimanches après-midi propices au vague à l’âme, bien au chaud sous la couette, un peu comme certaines qui vivant difficilement leur célibat ou leur rupture visionnent des comédies romantiques jusqu’à l’overdose en mangeant des pizzas.
Bref, j’ai pas aimé.

Carlito14
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le 28 déc. 2018

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Carlito14

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