Un ratage. Un ratage qui s'annonce assez vite, au bout de 5 minutes lors du premier travelling accéléré sous une musique de suspense singeant les polars classiques hollywoodiens. On comprend alors que le film sera ricanant, un peu moqueur, bref vaguement second degré. Sans non plus verser dans la pure comédie.
Néanmoins, avant que l'intrigue ne commence véritablement, on espère encore un film singulier au vu des premières scènes un peu crues - crues pour ce genre de long-métrage en tout cas. On se tape une amie en levrette tout en regardant la télé et on tabasse des sales gosses. Etonnant, moins "cool" que prévu donc. Sauf que non. L'histoire se met en place, l'enquête débute et va donner lieu à un véritable je-m'en-foutisme scénaristique très conscient de lui-même, car Robert Mitchell veut être post-moderne. On reprend donc l'hypothèse de départ : ce sera bien un film ricanant et pas dupe de ce qu'il raconte. on comprend alors que l'objectif est de se moquer de la pop culture, d'Hollywood et ses parasites, d'une génération qui ne vit que dans la citation et la référence à des oeuvres passées. Tout ça est bien vague et généralisant, à l'opposé de la rigueur de Cronenberg quand il flinguait Hollywood dans Maps to the stars.
Et concrètement, ça donne quoi? Un scénario mi-imbitable, mi-creux, et des scènes souvent inintéressantes car dépourvues de réels enjeux (normal, rien n'est vraiment sérieux). La mise en scène appuie avec une certaine lourdeur sa distance avec le personnage principal, très loin de l'élégance formelle et la tenue d'It follows. Plus le film avance (2h20 quand même), plus il s'essouffle pour finir dans un petit n'importe quoi qu'on regarde avec indifférence et lassitude. Contrairement à Inherent vice, on n'est jamais touché par les personnages, leur mélancolie au-delà de leur folie.
Tout ça sent le renfermé, on se dit que le film a été conçu dans la chambre du héros, à ressasser tous les classiques hollywoodiens et les fantasmes de la pop culture. Ouvrez les fenêtres les gars, sortez-vous Lynch, Altman et Hawks de la tête, arrêtez de penser à Hollywood. Et surtout, racontez des histoires.