Qu'est-ce-que tu foutais à Gérardmer ?
Dans les festivals, la réaction du public en fin de projection d'un film est toujours un grand moment. Les applaudissements, même minimes, témoignent des qualités du film. The Crack est tout le contraire. A Gérardmer lorsque le film fût projeté, personne ne s'attendait à un tel désastre et surtout personne du staff du festival n'aurait pu s'attendre à un accueil aussi sifflé. L'histoire suit une famille espagnole, partie se ressourcer pendant quatre jours. Pour preuve que ce film est un supplice, lorsque l'indication "Ultimo Dia" apparaît à l'écran, les soupirs se sont transformés en quelques applaudissements de joie et à de nombreux "ouf" de soulagement. La torture allait enfin prendre fin. Commencer à 9h00 du matin avec une telle purge fût un vrai calvaire pour le public.
L'histoire, c'est donc celle d'une famille qui souffre de la mort de la fille ainée, assassinée lors d'une soirée trop arrosée. Une tribu aux membres qui ne s'en sont jamais remis, surtout le frère à peine plus jeune qu'elle. Dès le départ, les interrogations viennent du fait que cette famille comporte des membres plutôt malsains : Ce même frère qui semble éprouver de l'attirance pour sa soeur, lorsqu'elle était en vie, où la tante qui se révèle être une femme provocante et dont l'autre frère ressentira quelques pulsions sexuelles intenables. Il y a dans cette famille de barges, des relations très ambigus qui font douter de l'innocence de chacun des membres. Le problème vient du fait que grâce à des stéréotypes rabâchés maintes fois, le spectateur peut s'amuser à deviner chaque caricature de chaque membre.
Le final est l'apogée de la violence intérieure accumulée pendant tout le film. Enfin violence, une séquence hilare où le public ne tenait plus en salle tellement le dénouement est mal amenée, mal fichue et désespérant de bêtise. Un duel final épique qui tombe à plat à cause d'une chorégraphie de combat complètement minable. Avec The Crack, il convient surtout de s'interroger sur sa présence dans la sélection OFFICIELLE (!!) du festival. Aucun élément fantastique, si ce n'est quelques effets d'ombres et des légendes récitées par les personnages, ne viennent alimenter ce récit vide d'une pauvreté minable. Un drame familial espagnol dans une forêt sombre n'en fait pas obligatoirement un film fantastique. A bon entendeur messieurs les chargés de la sélection des films du festival !
Rien n'est fantastique, ok. Mais si le film proposait une intrigue prenante et intéressante à suivre, le public pourrait éventuellement être déçu de ne pas assister à un film fantastique. Mais ici, The Crack propose une succession de vides entre-coupés de quelques séquences clés certainement écrites sur un post-it. The Crack ressemble davantage à un exercice universitaire tant les dialogues sont pitoyables et enlisent encore un peu plus le film dans les abîmes de la médiocrité. A noter tout de même des qualités visuelles, notamment une jolie photographie qui fait penser qu'un certain travail a été réalisé sur ce point. De même que l'idée de départ semblait intéressante et aurait dû être plus développée car il y avait de la matière pour proposer, ne serait-ce, qu'un film convenu et plaisant. Alfonso Acosta s'ennuie à installer un environnement et un contexte à cette famille. Le résultat est que l'on suit des moments peu transcendants d'une vie de famille, avec le lot de disputes, de dépression, de sorties et de clichés que cela comporte. Le final ne parvient pas à rehausser le niveau d'un film qui n'a cessé de s'enliser dans la boue.
Le public a décidé de vous huer et leur sentence est irrévocable. Adieu et à jamais !
A noter que la pique de Christophe Lambert à l'encontre du festival ("Certains films n'ont pas leur place ici") vaut certainement pour ce film, de même que la réaction hostile du public (moi-compris) lors de la cérémonie de clôture.
Une perte de temps monumental alors que j'aurais pu voir Berberian Sound Studio.